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Disséquons 2009
Disséquons 2009
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9 février 2009

De la violence d’Etat présentée comme nécessaire à la nécessaire violence des luttes…

« Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du coeur; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (…) »

Alexis de Tocqueville

 

Dans ses écrits, Weber définit l’Etat dans sa forme minimale comme détenant le monopole de la violence légitime. Cette violence se retrouve quotidiennement par l’emploi de la force (par les policiers et gendarmes), par l’intrusion dans la vie privée des individus et la surveillance potentielle de chacun(e). Les expansions de cette violence et de ce contrôle se retrouvent dans le modèle du panoptique proposé par Bentham et repris avec succès par Foucault . L’établissement de la violence comme norme fait que chacun(e) s’autocontrôle inconsciemment (ou consciemment) pour ne pas subir cette violence. La violence n’apparaît pas comme telle mais est intériorisée par chacun(e) de nous et apparaît comme une norme juste.

Par suite, la légitimité de cette violence apparaît clairement dans son invisibilité en tant que violence. Elle apparaît aux yeux de beaucoup comme allant de soi, comme nécessaire (« vous croyez vraiment que l’on peut vivre sans police ? » ou « illes ont surement quelque chose à se reprocher pour craindre les caméras » ou encore « illes ont surement fait quelque chose de mal, pour se faire taper par la police »). Quand une bavure apparaît dans le « débat public », c’est sous forme de fait exceptionnel, d’exception qu’il faut combattre. Or il est logique que l’usage de la violence conduise à la bavure (et les bavures sont plus fréquentes que ce que pourraient nous laisser croire les médias, cf. Témoins). De plus le fait même de parler de bavure établit une distinction entre une violence policière nécessaire, juste et une violence exceptionnelle qu’il faut combattre. Cette distinction contribue donc à légitimer l’usage de la violence par l’Etat.

En tant que violence légitime la violence de l’Etat délégitime tout autre forme de violence (elle apparaît d’autant plus légitime quand elle s’oppose à d’autres formes de violence). En nous opposant systématiquement à toute forme de violence dans les mouvements, en la présentant comme étant illégitime, on rentre dans ce jeu de légitimation d’une seule forme de violence et dans le jeu de l’Etat.

La frontière entre ce qui est violent et ce qui ne l’est pas est un lieu de légitimation des actes que nous devons dépasser !

 

Pour dépasser ce monopole de la violence légitime (entrainant une dépréciation de toute autre forme de violence) commençons par rappeler la portée positive que peuvent avoir les actions violentes pour notre mouvement. Elles peuvent permettre de proposer une réelle opposition et de combattre le gouvernement sur ce qui lui fait le plus peur. Si l’Etat tient tant au monopole de la violence légitime ce n’est pas pour protéger la population mais pour assoir et consolider sa domination. La volonté de refus de toute action violente limite le mouvement dans ses perspectives de lutte et nous amène à rester dans un cadre établit (établit par l’Etat que nous combattons).

Deux discours sont couramment utilisés pour dénigrer les actions violentes. Le premier consiste à dire que la violence dessert le mouvement en n’en donnant une mauvaise image sur la « scène publique ». Les fondements d’un tel discours sont contenus dans une logique d’audimat et de conformiste sur laquelle nous ne reviendrons pas une nouvelle fois ici (cf. Article sur les médias). Le deuxième discours est celui d’une dépréciation des actions violentes en leur enlevant leur portée politique. Or les actions violentes ne sont pas forcément gratuites. 

Illustrons ce discours de dénigrement de l’action violente par le mail du président de Lyon 2 « Réaction aux dégradations commises sur le Campus Berges du Rhône ». Les actions violentes sont critiquées sur ces deux points : elles donnent une mauvaise image et elles ne sont pas justifiées, elles sont gratuites, ce sont des actes de « délinquance ». Nous (qui écrivons), ne savons ce qui s’est passé sur les quais, encore moins les intentions de ceux ou celles qui ont effectués ces actes. Pour autant nous nous refusons à stigmatiser leurs actes et à les dénigrer du simple fait qu’ils soient considérés comme violents.

Ce type de discours conduit à une séparation du mouvement en deux : entre ceux et celles qui détiennent les moyens d’actions légitimes et ceux et celles que l’on appel « casseurs », « toto » ou autres… Cette séparation du mouvement renvoie aussi à une séparation du monde entre ceux ou celles qui luttent de manière légitime et les autres. C’est ce discours qui a servit à la critique des émeutes des banlieues en leur ôtant leur portée politique. Les émeutiers étaient décrits comme des casseurs, des délinquants.

 

Il ne faut pas oublier que le refus de la violence et la volonté de se conformer dans des actions « légitimes », tel l’écrit, la manifestation calme et structurée, le beau discours dépend de ressources et d’une culture. Par exemple, l’écriture de journaux ou les beaux discours demandent une maitrise de la langue française et de ses codes qui sont ceux de la classe dominante (la force de cette domination c’est de se présenter comme étant universelle et juste). Toute une part de la société est exclue de ces ressources, refuser de voir dans l’action violente une lutte politique c’est de fait se désolidariser de ces groupes de personnes. En somme c’est s’inscrire dans un mouvement élitiste qui reproduit la domination sociale.

 

S’il ne faut pas voir une action comme étant illégitime car elle est violente, il ne faut pas non plus voir toute action violente comme légitime. La violence n’est qu’une forme. Cette forme est bien trop souvent utilisée dans les discours pour légitimer ou délégitimer une action ou un groupe de personne. Il appartient à chacun(e) de nous de questionner ce terme de violence pour ne pas nous reprendre le discours discriminant et stigmatisant de ce qui nous dirige (du gouvernement aux normes sociales).

Refuser la stigmatisation par l’accusation de violence c’est accepter que dans notre mouvement puisse cohabiter actions violentes et non violentes (elles ne sont antithétiques que dans la stigmatisation de la violence).

 

Pour finir prenons actes de ce que disait Sarkozy en 2005 : si le mouvement des banlieues et celui des étudiant(e)s converge ce sera la fin du quinquennat de Chirac. Pour une fois prenons en compte ce que dit notre cher président et réactualisons le.


Trouvé sur le site : http://temoinslyon.free.fr/

Comment un contrôle d’identité à hôtel de ville dégénère en passage à tabac

Samedi 5 avril après une soirée avec deux amis, vers une heure du matin, Abdel patiente devant l’arrêt de bus du C3, à la sortie de métro Hôtel de ville, pour rentrer chez lui.

Une Laguna verte s’arrête, trois policiers en civil en sortent, mettent leurs brassards. Ils intiment aux trois amis l’ordre de sortir les mains de leurs poches, et de présenter leurs cartes d’identité ; ce que les trois personnes font. Abdel (1) n’a pas la nationalité française mais il possède un titre de séjour de 10 ans. Une première palpation de sécurité est effectuée. Le motif ? Aucun.

Le flic qui contrôle Abdel lui demande « il est de quelle origine votre ami ? ». Réponse « Vous n’avez qu’à lui demander directement ». Suite à cette réponse logique que le policier doit sans doute trouver impertinente, le flic demande à Abdel de mettre les mains contre le mur pour le fouiller à nouveau. Abdel objecte que s’ils veulent le fouiller, il faudra l’emmener au commissariat.

C’est à ce moment que le policier s’énerve et plaque brutalement Abdel contre le mur, puis le fait tomber à terre. Tout s’enchaîne très vite. Les policiers crient aux deux autres personnes de s’en aller, ce qu’elles font. Pendant ce temps Abdel est au sol, un policier est sur son dos. Il souffre justement de problèmes de dos et indique aux policiers que cela lui fait mal. Les policiers semblent ne pas entendre et lui serrent les menottes très fort, avec les pieds appuyés sur ses poignets. Il proteste, tout en continuant de vouvoyer les policiers. C’est là qu’un des policiers lui plante une sorte de crochet à trois piques dans le pouce gauche. La douleur est, sur le coup, très vive et la chair est apparente.

La plaie se met à saigner. Abdel est embarqué dans la voiture où les policiers le frappent à coups de poings et l’insultent « connard, voleur ». Ils se moquent d’une faute de français qu’a fait Abdel en se plaignant d’avoir mal « Si tu veux vivre en France, il va falloir t’intégrer et apprendre la langue ». Abdel perd plus ou moins connaissance dans la voiture ; à l’arrivée au commissariat, les policiers le traînent à terre par les menottes, ce qui lui fait très mal aux poignets. Ils appuient avec leurs pouces derrière ses oreilles et sa mâchoire pour l’obliger à se lever. Puis on le colle la tête contre un mur, on l’insulte. Abdel proteste devant ces agissements, qu’il qualifie de racistes. Il se débat pour éviter les coups. Plusieurs policiers s’acharnent alors sur lui, à coups de poings, de pieds et de matraques. Il saigne abondamment de la tête. Un des policiers l’étrangle avec le coude autour du cou, il a beaucoup de mal à respirer. À ce moment là, un des policiers prend peur et invite les autres à l’emmener aux urgences. Abdel se relève, il veut se regarder dans la glace pour voir l’état de ses blessures. Nouveau coup de poing. Quelqu’un nettoie son sang à terre avec un balai-serpillère. « On aurait dit que n’était pas grave de voir tout mon sang répandu par terre, comme si mon sang comptait moins que le leur ».

Un drap est placé dans la voiture de police « pour ne pas salir les sièges ». Abdel perd connaissance. Enfin arrivé aux urgences, et toujours menotté, il perd beaucoup de sang. Il est assis sur un brancard et ne peut s’allonger, avec les bras menottés dans le dos. Le médecin demande si on peut lui enlever les menottes pour le soigner, « non il est très dangereux » répliquent les policiers. Finalement, ils acceptent (tout en ayant proposé de lui entraver tout de même les pieds). Des points de suture sont posés. Abdel demande un verre d’eau, refus des policiers. Une soignante finit par lui en apporter un. Le médecin s’inquiète de l’état de sa main, qui a bleui à cause des menottes très serrées. Il est 3 ou 4 heures du matin. Abdel va passer la nuit à l’hôpital. Les policiers lui rendent alors sa veste, sa carte bleue et son portable et partent tout simplement. Ils ne lui auront jamais signifié la raison du contrôle, de son arrestation, ni bien sûr des coups.

Le lendemain, Abdel a très mal à la tête. Il obtient du médecin un certificat de 2 jours d’ITT. Sa main gauche lui fait toujours mal, il a des fourmillements quand on lui touche le poignet. Deux jours après un autre médecin constate les lésions suivantes : plaie du cuir chevelu suturée, plaie au niveau du pouce de la main gauche, douleur au niveau de la face externe du 5e métatarsien de la main gauche nécessitant un bilan radiologique complémentaire, douleurs dorsales, traumatisme psychologique.

(1) Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat.

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Commentaires
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