La sécurisation de l’espace : être vu sans jamais voir
ETAT DES LIEUX
La
vidéosurveillance apparait en France dans les années 1970, elle est au départ
installée pour contrôler le trafic routier et les magasins de luxe. Dans les
années 1980, le nombre de caméras s’amplifie dans les transports collectifs,
les commerces, les lieux de travail et de loisir et les bâtiments publics. 1990
est le point culminant de ce processus : la vidéosurveillance fait son
apparition sur la voie publique, ce procédé devient banal. Face à cela, il faut
noter le rôle important de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et
des Libertés) créée en 1974. Cet organisme est censé être la seule barrière
face à la fuite de nos informations personnelles via l’informatique, la vidéo
surveillance et autres multimédias. C’est à cette époque qu’il aurait fallut
réagir or d’après un sondage réalisé en 1996, seulement 51% des personnes
interrogées pensent qu’être filmé dans un lieu public est une grave atteinte à
la vie privée. Le développement de la vidéosurveillance dans le quotidien de
chacun(e) ne s’arrête pas à la simple multiplication de ces objets dans les
rues et bâtiments, il s’agit aussi d’un continuel effort de performances
techniques (champ de vision à 360°, zoom précis à plus de 300m permettant de
lire sur les lèvres ou de lire une plaque minéralogique), d’autant plus que la
transmission de ces images est instantanée via les lignes téléphoniques, cela
permet de voir et écouter sans frontière. Vers l’an 2000, le nombre de caméras
dans les grandes villes européennes prend un essor important. La France,
voulant imiter son voisin britannique souhaite améliorer son système de
vidéosurveillance. On peut prendre plusieurs faits marquant. Par exemple depuis
2004, la police nationale n’est plus obligée d’obtenir l’accord de la CNIL pour
créer un nouveau dossier de données personnelles sur un individu : où est
la limite de notre droit à la protection
de nos données personnelles ? Quelles sont les dérives possibles par ce
type d’agissement ? Le second fait important date de 2008 où Michèle
Aillot Marie, ministre de l’intérieur, réunie la commission nationale de la
vidéosurveillance afin de « promouvoir un modèle français de la protection
du citoyen ». Pour cela, M.A.M souhaite multiplier par trois le nombre de
caméras de surveillance en France d’ici fin 2009 donc augmenter l’effectif de
300 000 à 900 000 caméras.
La
vidéosurveillance marque la mise en place d’une société de contrôle et ce dans
n’importe quel milieu. L’université lumière de Lyon, sur le campus de Bron, est
un des endroits phares pour expérimenter ces nouvelles prouesses techniques. Le
campus compte près de 17 caméras, leur installation commence lors l’arrivée à
la présidence de Claude Journès en 2006. Son action ne se fait pas attendre,
fin 2006 un fichage photographique est réalisé sur des étudiants activistes et
militants. Les clichés sont pris par des vigiles de l’université Lyon II sur
ordre de la présidence. Des étudiants sont vus en train d’emballer les caméras de
sac plastique, faire des pochoirs sur des tableaux d’affichages, la plupart ont
un look soi-disant « activistes » ou « militants ». Début
2007, Journès fait installer de nouvelles caméras de surveillance sur le
campus, des grilles fermant l’accès à l’université, augmente le nombre de
vigiles. En février, une action est organisée par les étudiants de Lyon
II : déboulonnage de grilles, messages peints sur les murs… une plainte
est déposée à l’encontre de trois étudiants par Claude Journès, il s’appuie sur
les photos prises en novembre 2006 par les vigiles alors que les faits eurent
lieux en février 2007. Cette liste « rouge » fut ensuite transmise à
la police suite à des arrestations d’étudiants en 2007. Parallèlement, depuis
juin 2005, la société Foxstream, spécialisée dans la vidéosurveillance
intelligente, équipe les caméras de l’université Lumière Lyon 2 avec son
logiciel FoxVigi[1]. Cette surenchère
d’une soi-disant protection de l’université et de son environnement amène à une
banalisation de ces outils. La sécurité devient une atteinte à nos libertés
alors qu’elle devrait les préserver. On peut prendre l’exemple du service de
sécurité, ils portent une tenue de sapeur-pompier, rôle qu’ils ne tiennent
absolument pas puisque il est écrit sur leur uniforme (en minuscule)
« sécurité », cela tend à faire fondre une sécurité excessive dans
une normalité qui ne devrait pas être.
REFLEXION
Pour entamer
une réflexion sur la sécurité et l’insécurité, partons des arguments de ceux
qui promeuvent la surveillance et la sécurisation de l’espace public. Dans une
réponse aux critiques qui lui sont adressées par rapport à ses activités à Lyon
II, le président de Foxstream se dit prêt au débat et voici comment il en pose
les termes : « Si une enseignante oublie un papier dans son bureau et
revient le chercher tard le soir, est ce plus important qu’elle puisse se
déplacer dans un lieu sécurisé sans risque de se faire agresser ou que personne
ne sache qu’elle est passée dans son bureau à une heure tardive ? [2]». Ô sophisme quand tu nous tiens... Et toi lecteur si tu vois ta
copine se faire tabasser par des flics tu laisses faire ou tu t’interposes au
risque de subir les conséquences ? Le sophisme permet de légitimer
n’importe quelle action, de la vente de churros dans un centre d’amaigrissement
au génocide des dangereux porteurs de chemise à carreaux. Quoi qu’il en soit, un
tel argumentaire n’est basé que sur des questions rhétoriques, sur le
sensationnel. La problématique de la sécurité n’est pas posée. L’insécurité est
présentée comme une donnée existant de fait et inéducable que l’on ne peut
résoudre que par la répression et la surveillance. Avec un tel argumentaire on
en vient à se poser seulement la question de l’efficacité du dispositif de surveillance
et non ses fondements, c’est dans ce jeux que tombe France inter dans son débat
sur les caméras au titre accablant [3]
« Pour ou contre la vidéosurveillance,
Surveiller les citoyens est ce vraiment efficace et combien ça coute ».
La mise en place à l’excès de dispositifs de
sécurité entraine une impression d’insécurité. C’est un cercle vicieux, puisque
l’impression d’insécurité amplifiera la demande de sécurité et ainsi de suite.
Il faut sortir de ce cercle sans fin contribuant à enfermer la population dans
un cadre atrophiant les libertés individuelles de circulation, de réunion, en
bref du droit de vivre. Par ailleurs, avec ce système les statistiques montrent
qu’à force de surprotéger les biens matériels, l’insécurité se porte plus sur l’être
humain. Cela découle de la logique matérialiste mise en avant par notre société
où l’individu semble se protéger derrière ses possessions matérielles.
Les caméras de surveillance sont censées
jouer un rôle de contrôle de l’individu, contrôle qui se transforme en
autocontrôle. La présence de ces caméras, ajoutée à celle des cartes cumule donnant
accès ou pas à certaines salles, la présence de vigiles ; tout cela
entraine une régularisation du comportement selon les normes qui nous sont
imposées. On remarque sur le campus de Bron que les lieux de rassemblement sont
restreints comparé à l’espace disponible, si des étudiants veulent se
rassembler ne serait ce pour discuter, les salles ne sont généralement pas
disponibles puisque réservées au seul fait des cours. Se crée ainsi une
création d’espace surveillés ou non-surveillés, ce sont des marqueurs d’espace
qui imposent des comportements différents selon le lieu où on se trouve. La
présence de caméras dans certains endroits (distributeurs, présence de
matériel…) enracine la notion de privatisation des biens, des sommes
importantes sont utilisées pour qu’un matériel efficace puisse être mis à
disposition de la communauté universitaire, chacun(e) devrait pouvoir utiliser
ce matériel, or les caméras indiquent qu’une suspicion est portée sur chaque
utilisateur comme quoi ils/elles seraient potentiellement criminel. Mais cette
pratique devient tellement courante qu’on en vient à distinguer des espaces
banalisés d’autres qui ne le sont pas, la vidéo surveillance entraine une
catégorisation de certains espaces comme privilégiés, sécurisés. Se développe une
peur du comportement de « l’autre », par cette installation on
présume que quelqu’un va venir causer des dégradations, voler du matériel,
entrer par effraction ainsi les interdictions déjà mises en place dans le
règlement intérieur ou sur des panneaux (Ex. cigarette) sont entérinées par
cette surveillance constante. Le doute devient omniprésent et la liberté de
circulation de chacun(e) est remis en cause, les déplacements de chaque
individu sont questionnés : « Ou va-t-il ? Il est habillé en
noir… Pourquoi faire ? Pourquoi met-il sa capuche ? Il se reproche
quelque chose… ». Ce type de question peut être posé par n’importe quel
individu Lambda et contribue à discriminer certains types physiques et/ou
vestimentaires, ces types sont parfois utilisés à mauvaises escient pour faire
parler une vidéo ou photo, par exemple, en reprenant l’affaire Journès
(développée dans la 1ère partie), les clichés qu’il présenta à la
police comme preuve aux « dégradations » furent prises en 2006 et non
en 2007 comme il l’affirme.
En fin, la dernière question qui se pose est
celle des moyens financiers, on se doute bien que ce matériel de
vidéosurveillance, les nombreux gardiens et le système de cartes électroniques
doivent être une part importante du budget alloué à l’université par l’état. La
gestion d’un budget dans une structure doit suivre une certaine logique
d’attribution : sécurité, sanitaire, entretien… des quotas sont constitués
pour chaque catégorie. Il est quand même fabuleux que le budget de la sécurité
ait l’air si important alors que les problèmes d’amiante, d’émiettement des
plafonds en salle de cour devraient être prioritaires et ne sont pas traités
(si ce n’est cette année pour les bâtiments L et K).
PERSEPECTIVE
Face
à ce manque de respect de l’individu et de ses libertés personnelles, il est
nécessaire d’agir et de trouver une ou des solutions. On ne peut se laisser
manipuler par un système comme celui-ci, notre image devient la seule propriété
de ceux qui la produisent. Ou est notre droit à l’image ? Notre droit de
vivre ? De circuler ou de se réunir ?
Plusieurs types d’actions sont
envisageables : la première consiste en un masquage des caméras par des
sacs poubelles, dans la même veine on peut essayer de détourner les caméras
vers le plafond ou sur le mur sur laquelle elle tient (à voir quel type de
caméra). Le plus efficace serait de les casser, les mettre hors état de nuire,
car ce sont bien des nuisibles, elles nuisent à nos libertés et à la protection
de nos données personnelles. Casser une caméra ce n’est pas si grave tout
dépend ce qu’il y a derrière l’action, une réflexion doit susciter un tel acte.
Une dernière idée pourrait être originale : le kidnapping. Prendre en
otage toutes les caméras du campus de Bron, les photographier toutes réunies,
la rançon serait un retour en arrière : suppression des caméras,
suppression des grilles de l’université, réduction du personnel de sécurité ou
du moins de leur droit sur la communauté universitaire.
A partir de ces données, réflexions et
questionnements libre à vous de savoir si vous tolérez cette suppression
progressive de vos libertés individuelles et collectives. Vous avez des droits
sur votre image, vos données personnelles. Réagissez !
L’université Lyon 2, laboratoire leader de
l’industrie de la surveillance 15 janvier
2008 Généralisation
de la vidéosurveillance sur le campus de Bron, instauration de la carte Cumul
qui cumule surtout électroniquement nos activités sur la fac, grillage du
campus, existence de dossiers (complètement illégaux) sur les personnes ayant
des activités militantes… Lyon 2 n’est pas en retard dans la mise en place
d’une société de contrôle. Mais
l’implication de Lyon 2 dans cette généralisation de la surveillance ne
s’arrête pas à ces aspects quasi-courants : dans les quelques pages qui
suivront, nous montrerons qu’elle est (ainsi que d’autres universités ou
écoles lyonnaises) au cœur des recherches et de la mise en place de nouveaux
dispositifs dans le domaine sécuritaire, dans le cadre d’une collusion entre
recherche, université et intérêts privés. L’université
Lyon 2, laboratoire leader de l’industrie de la surveillance Tract
diffusé à l’université Lyon 2 lors de la venue de la ministre de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche à Lyon 2, mardi 16 octobre,
histoire de débattre de cas concrets sur la question de la privatisation de
la fac. A l’heure
de la loi Pécresse sur la privatisation des universités, ces quelques pages
nous semble un bon début pour discuter de la participation des étudiant(e)s à
ces projets de recherche, en tant que cobayes, main d’œuvre ou initiateurs,
et de la pertinence de liens entre nos universités et le marché du
sécuritaire. TECHNO-VISION Du missile intelligent à la vidéosurveillance intelligente Les projets
sécuritaires lyonnais forment un tableau qui débute au niveau national. En janvier
2007, la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL) donnait son
accord pour la mise en œuvre de deux programmes de recherche sur la biométrie.
L’un est mené par SAGEM Défense Sécurité, industriel de l’armement et leader
mondial en matière de biométrie. Il n’en sera pas question dans ce qui suit.
L’autre, le projet IV2 « Identification par l’Iris et le Visage via
Vidéo » est un partenariat français entre les pointures de la recherche
sur les technologies de l’information : INT, INST, INRIA, EURECOM… Le
laboratoire LIRIS de l’Ecole Centrale de Lyon participe à l’aventure
scientifique, comme les sociétés THALES (aéronautique et armement) ou URATEK.
C’est ce projet IV2 que nous allons aborder dans les lignes qui suivent. IV2 est inséré
dans un programme plus ambitieux, TECHNO-VISION, soutenu conjointement par
les ministères de la Recherche et de la Défense. Lancé en juin 2004,
TECHNO-VISION a pour thèmes de recherche « la vision pour la robotique,
la vidéo-surveillance, la biométrie, le traitement d’images aériennes et
satellites » ou encore les technologies d’archivage vidéo. Parmi les dix
projets financés dans le cadre de TECHNO-VISION, l’un d’eux, ROBIN se
concentre par exemple sur l’imagerie terrestre et aéroportée, avec en son
sein des entreprises comme MBDA Missile System. Objectif : la détection
et la reconnaissance automatique d’objet. Les chercheureuses travaillent ici
sur les missiles à guidage vidéo ou missiles « intelligents ». Le projet
TOPVISION s’occupe lui d’imagerie sous-marine ; divers programmes ont
pour objet la vidéo-surveillance et un dernier concerne l’imagerie médicale. IV2 est le
projet concernant la biométrie : on s’affaire à Lyon, Paris et Toulouse
pour constituer les bases de données nécessaires aux recherches. Dans trois
des universités participantes, tout ce qui les peuple, (des étudiant(e)s au
personnel administratif en passant par les technicien(ne)s de surface) est
invité à se faire numériser par bouts : visages, iris et visages parlants.
Avec ces bases de données, le LIRIS École Centrale travaille entre autres à
en déduire des algorithmes qui permettront la reconnaissance informatique
d’un visage ou d’un iris par vidéo, tentant par là-même de mettre au point ce
qu’à l’Imperial College de Londres on affine déjà : la
vidéo-surveillance capable de reconnaître un visage, de le suivre sur bande
vidéo et de l’identifier une fois le système couplé à un fichier nominatif de
visages numérisés. En matière
de vidéo-surveillance intelligente couplée à la biométrie, VISIONICS, l’un
des plus gros du secteur aux Etats-Unis, détient un palmarès étonnant :
le scan du visage des 72 000 spectateurs du SuperBowl ; elle a déjà
vendu cette technologie au service d’immigration des Etats-Unis (qui s’en
sert à la frontière mexicaine) et à l’armée israélienne pour qu’elle
surveille plus et mieux la bande de Gaza. Avant de
continuer, petit rappel pour celles et ceux qui ont raté la présentation FNAC
du dernier ordinateur à sécurisation digitale : La biométrie
La biométrie consiste à informatiser des données morphologiques (empreintes
digitales, forme de la main ou du visage, iris) et biologiques (ADN, odeur,
sang). Elle est aujourd’hui utilisée principalement pour l’identification et
les contrôles de flux d’individus. Ainsi, dans certains collèges et lycées,
la cantine est équipée de bornes scannant la main des élèves. Ou encore,
HITACHI a développé un système relié directement au compte en banque pour
régler ses achats par lecture du réseau vasculaire du doigt. Un autre exemple
concerne notre future carte d’identité, prévue initialement pour 2006 et
repoussée à 2009, qui mêlera biométrie et puces RFID (puce lisible à
distance) ; la puce contiendra nos empreintes digitales et notre photo
du visage numérisées, permettant une reconnaissance par informatique. | Quand l’université Lyon 2 se transforme en secteur R&D de l’industrie
du sécuritaire Au LIRIS
École Centrale de Lyon, à Ecully, il semble que l’esprit aiguisé des
chercheureuses n’ait pas résisté à l’attrait certain de ces recherches pour
le progrès humain. La concurrence avec l’Imperial College qui développe en ce
moment un nouveau concept de reconnaissance faciale pour les JO de 2012 doit
être stimulante ! Né début
2003 à la suite du regroupement de plusieurs laboratoires de recherche
lyonnais, le LIRIS, (« Laboratoire d’informatique en images et systèmes
d’information », associé au CNRS), compte environ 280 personnes (sans
compter les centaines de doctorants). Divisé en quatre tutelles, à l’INSA de
Lyon, à l’Université Claude Bernard Lyon 1, à l’Ecole Centrale de Lyon et à
l’Université Lumière Lyon 2, il se répartit sur les campus de la Doua, Ecully
et Bron. Le LIRIS
Lyon 2 Bron, situé dans le bâtiment C au 1er étage, a cette particularité
d’être le partenaire très particulier d’une entreprise spécialisée en
vidéo-surveillance intelligente, la société FOXSTREAM. (Sur la plaquette de présentation de son logiciel FoxVigi, Foxstream
affiche son partenariat avec le CNRS et le LIRIS.) Cette
société base ainsi son activité commerciale sur les technologies issues des
recherches effectuées au LIRIS Lyon 2 Bron. Le travail effectué à Bron par
l’équipe du professeur Miguet sur les techniques de vidéo-surveillance
intelligente n’est pas aussi complexe que la reconnaissance des visages, mais
l’entreprise chargée « du transfert des technologies issues de la
recherche en traitement et analyse d’images effectuée au LIRIS » peut
maintenant se targuer de vendre un produit high-tech : FoxVigi. On est loin
des dispositifs d’aide aux personnes médicalisées ou d’imagerie médicale qui
ont fait la réputation du LIRIS. Le transfert de savoir du laboratoire public
à la société privée est ici le plus simple possible : l’entreprise a
installé directement ses locaux dans le laboratoire LIRIS Lyon 2 Bron, en
plein milieu du campus. Son patron
Jean-Baptiste Ducatez, tête de liste PS à Genas, commente : « Cette
proximité géographique avec des chercheurs reconnus internationalement dans
ce domaine est une source de richesse inépuisable pour la société Foxstream
et ses clients. » Une richesse inépuisable... FOXSTREAM À la conquête du
campus, des TCL et du ministère de l’Intérieur ? FOXSTREAM a
commencé « petit » : depuis juin 2005, la société équipe les
caméras de l’université Lumière Lyon 2 avec son logiciel FoxVigi. Le soutien
institutionnel répété lui permet de voir plus loin : elle est lauréate
de l’association Rhône-Alpes Entreprendre, puis labélisée NOVACITE, structure
dépendant de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon. Au niveau
national, elle se voit remettre différents prix, notamment par le
président-directeur général du groupe THALES (armement et aéronautique). Et
avec l’aide de 137 000 € d’Oséo (Oséo, « soutien à l’innovation »),
la jeune pousse lyonnaise voit grand. En janvier 2006, l’entreprise partait à
la conquête de Lyon. Le pôle industriel Lyon Urban Truck&Bus 2015, un
pôle dit de compétitivité dans le domaine des transports financé par la
région, labellisait son projet de vidéo-surveillance intelligente adapté aux
bus (poétiquement nommé Cerbère Vision), dans le programme « sécurité et
sûreté ». Le soutien des collectivités locales à cette entreprise peut
laisser présager l’implantation de ses technologies dans leurs transports en
commun. FOXSTREAM ne s’arrêtera pas là. Le 29 juin 2006, elle était invitée
par le Service des Technologies de la Sécurité Intérieure (STSI) du ministère
de l’Intérieur pour présenter son produit FOXVIGI. La perspective de contrat
est alléchante puisque le STSI participe à la définition des achats du
ministère pour les 3 années à venir. Associé au LIRIS de Bron, FOXSTREAM peut
potentiellement profiter des recherches en cours au LIRIS École Centrale sur
la reconnaissance du visage. L’industrie lyonnaise de la vidéo-surveillance
intelligente a de beaux jours devant elle… Militaro-civil, publico-privé,
plus rien ne doit nous étonner. En ces
temps d’autonomie de l’Université, dans les locaux d’une faculté de sciences
humaines, la présence d’une entreprise à la conquête du marché du sécuritaire
est censée passer inaperçue. À Lyon donc, entre camarades
ÉtudiantE-chercheurEUSE on se biométrise dans des bases de données pour
décrocher son petit diplôme. Le transfert à l’industrie est rôdé. La fac,
mi-université mi-zone industrielle, se sert quant à elle de l’étudiantE comme
cobaye pour tester les logiciels de la société maison de vidéo-surveillance,
développée en partie par l’étudiantE. Avant que cette société n’aille
conquérir de nouveaux marchés, et que l’on se félicite de la vitalité de
l’économie locale ! La refonte de l’université et de la recherche avec
l’industrie suit donc son bonhomme de chemin. Le surf généralisé sur le
« sentiment d’insécurité » trace la voie des investissements. Michèle
Alliot-Marie ex-ministre de la Défense, actuelle ministre de l’Intérieur
(future ministre de la Recherche ?) commenterait : « il est
plus que jamais indispensable de dépasser les frontières entre militaire et
civil pour mutualiser nos expériences et nos savoir-faire. » |
[1] Tract « L’université Lyon 2, laboratoire leader de
l’industrie de la surveillance. », voir annexe.
[2]
Réponse de Foxstream au tract diffusé à Lyon 2,
www.rebellyon.fr.
[3]France Inter, Service
public, émission du 05.02.2009