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Disséquons 2009

Disséquons 2009
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22 février 2009

Pour une information alternative

Il n’existe pas d’information brute, d’information véritablement objective. Les mots, les choix de sujets, la présentation de l’information sont autant de choses qui vont créer : créer le réel, créer le rapport au monde, redéfinir ce que l’on met derrière les mots (pensons par exemple à la politique qui devient de plus en plus une « politique people », ce phénomène est entretenu par les « médias de masse » qui réduisent la vie politique au sensationnel et refusent le débat de fond). Dans ces conditions la diversité de l’information doit être effective pour permettre à chacun de se faire son propre avis, sa propre opinion.

Aujourd’hui beaucoup de journaux, de sites, ou d’émissions d’information se présentent comme neutres. Se faisant ils font d’une relativité une essence, font d’une idéologie -au sens positif c'est-à-dire une manière de penser le monde- une réalité. Il n’y a pas de neutralité dans nos journaux télévisés ou nos journaux gratuits ! Il existe un consensus sur les mots et les choses présents dans les « médias de masse ». De fait bien que ceux-ci expriment des opinions relativement différentes, ils restent soumis à la même idéologie (acceptation de l’ordre économique mondiale, logique de l’audimat et de l’information sensationnelle…).

Dans ces conditions il est important que chacun puisse diversifier réellement ses sources d’informations c’est pourquoi nous vous proposons quelques liens internet pour vous tenir informer différemment. D’autres sources d’informations seront bien sures les bienvenues et nous serions heureux que vous nous les fassiez parvenir.

 

 

Site sur la sécurisation de l’espace publique et privé :

- Big brother awards (http://bigbrotherawards.eu.org/Claude-Journes-president-de-l-universite.html)

 

Pour se tenir au courant de ce qui se passe sur Lyon et ailleurs au niveau du réseau militant, des manifestations, des initiatives, conférences :

- Rebellyon (http://rebellyon.info/)

- Agenda Lyon (http://www.agendalyon.org/)

 

Pour des analyses sur des questions ciblées et des fiches pédagogiques :

- les renseignements généreux (http://www.les-renseignements-genereux.org/)

- Indymédia (http://www.indymedia.org/fr/)

- le monde diplomatique (http://www.monde-diplomatique.fr/)

- rue89 (http://www.rue89.com/)

 

Pour une réflexion sur les médias :

- ACRIMED (http://www.acrimed.org/)

 

Pour une satire de la société de consommation:

- le site des sous réalistes ( http://www.sousrealisme.org/v2/)

 

Pour une télé alternative :

- la télé libre (http://latelelibre.fr/)

 

Pour des livres gratuits en sciences sociales :

- Les classiques des sciences sociales (http://classiques.uqac.ca/)

 

 

 

 

 

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22 février 2009

Est-ce possible de changer le monde ?

En contexte de lutte et voulant des changements profonds au sein de la société actuelle il est décevant de s’apercevoir qu’au sein d’une AG étudiante les préoccupations sont nombrilistes et se limitent au seul souci de l’université. En effet nos revendications ne se portent pas seulement sur la LRU ou le statut des enseignants mais plus sur une politique globale, un système de gouvernement que nous n’acceptons pas. La question qui se pose alors est de savoir s’il est possible de changer le monde à notre échelle. Il serait intéressant d’abord d’identifier le monde que l’on souhaite changer : celui qui nous entoure directement ? Ou celui que l’on partage avec la population mondiale ? Qu’est ce que « notre » monde ? On pourrait parler d’une réalité, d’un univers dans lequel nous évoluons, un monde restreint sur lequel nous pouvons avoir des interactions directes. Notre monde est celui que nous construisons au jour le jour de façon consciente ou inconsciente. Mais que ce soit d’un monde local ou global, ils dépendent de logiques conjoncturelles plus générales, dans lesquelles certains facteurs sont déterminants mais aussi déterminés.

 

Prétendre que le problème de l’université est indépendant des autres problèmes de la société c’est finalement s’enfermer dans un microcosme. Or, ce monde restreint qu’est celui de l’université est une partie d’un monde globalisé. Il faut ainsi comprendre que tout est interdépendant : on ne peut pas agir sur le monde si on n’agit pas directement à sa propre portée et en agissant à sa portée on agit sur le monde. Nous sommes tous concernéEs par des problèmes d’ensemble institués par la société dans laquelle nous vivons. En ne se focalisant que sur un point local on ne peut comprendre le global et en ne voyant que le global, on accorde moins d’importance aux différents points locaux. Mais entre monde local et monde global, le monde a plusieurs échelles, passant du monde « individuel » et « personnel » relatif à chaque individu lambda au monde « global » regroupant l’ensemble des individus sur terre. La question d’échelle est primordiale notamment dans une lutte pour améliorer la société, ainsi un individu en agissant doit se poser la question de l’échelle à laquelle il souhaite avoir un écho.

 

Le fait qu’il existe des mondes multiples implique plusieurs subjectivités de mondes. La croyance en un monde réel et globalisé est une idéologie du monde. Le militantisme et les différentes formes d’opposition à ce monde sont d’autres idéologies, de là on peut dire que chaque idéologie voit le monde différemment. L’intérêt du changement est dans la confrontation d’idée, la pluralité des mondes permet un dynamisme dans l’action. Ce discours pourrait paraitre utopique à certains, mais l’Utopie, n’est-ce pas ce qui doit guider les actions et les idées politiques. ? Un monde sans utopie et sans idéal est un monde mort et sans désir, un monde qui ne voudrait plus exister et disparaitre dans la soumission au présent et à l’immobile.

Cette notion de mondes multiples selon les échelles est importante dans le contexte actuel de mobilisation. Le besoin de changement est réel, la plupart des secteurs composant la société sont touchés par des réformes issues d’une volonté politique libérale axée sur le désir de rentabilité, d’utilité, de profit immédiat. Le processus de réforme mis en place par le gouvernement actuel n’est pas une directive uniquement nationale mais européenne visant à privatiser les secteurs publics (par exemple, pour 2012, les secteurs de la santé et de l’éducation devront être privatisés). Ainsi avec le problème de l’Europe on en revient à la question de l’échelle : à quel niveau veut on agir, ou plutôt est on prêt à agir : notre milieu universitaire lyonnais voir français ? La politique globale du gouvernement en place mené par Sarkozy ? Combattre les efforts d’unification européenne ? Ou encore enrayer le processus de mondialisation faisant des ravages partout dans le monde à l’heure actuelle ?

 

Le problème est que tout est fait pour nous donner l’impression qu’à notre petite échelle on ne peut changer le monde alors que chaque petite action est bonne à prendre : il faut redonner sa légitimité à chacun. Le monde n’est pas immuable, un mécontentement ou la prise de conscience d’un problème doit susciter une action, chacun peut agir à son échelle. Bien sur on peut se questionner sur le fait que certaines actions, certains problèmes peuvent être à notre portée ou non. Actuellement, on peut penser que la réforme universitaire étant englobée dans une directive européenne sont hors de notre portée, cela peut susciter le découragement des uns et des autres mais se résigner serait finalement donner raison à des individus que nous n’aimons pas, à des dirigeants ne pensant pas humainement mais matériellement et « égoïstement ». On ne changera pas le monde en claquant des doigts, c’est un processus qui demande du temps et de l’effort. Il faut se bouger, assumer ses idées et pour cela le meilleur moyen est celui d’agir.

 

 

 

 

En guise de conclusion rappelons que la question de ce qui est à porté ou non des actions, de ce qui est immuable ou changeable, est un lieu de légitimation de l’état de fait actuel. Combien de fois nos amis politiques justifient leurs réformes par des directives européennes qu’ils disent ne pas pouvoir contrôler, auxquelles il faudrait se plier ? Mais qui à mit en place une Europe basée sur modèle libéral et inspirée des principes de l’OCDE ? Il fut un temps ou les seigneurs de ce monde justifiaient leur pouvoir par un dieu, fixant des lois hors de portée du commun des mortels, impliquant un ordre immuable du monde. Dieu est mort ou tout du moins il a perdu sa place en politique. Il a bien fallu que les prêcheurs du libéralisme se trouve de nouvelles justifications mystiques : une Europe dépassant toute action politique qu’on ne peut changer (ou alors que dans un sens) un ordre économique inébranlable, une nature humaine du désir de consommation et de satisfaction par les biens matériels….

L’immuable est une construction, tout est à porté de celui qui sais tendre les bras et fermer le poing.

 

Analyse de l’A.G.C.S, voir site internet : http://agcs.free.fr

 
 

 

 

L'Accord Général sur le Commerce des Services (A.G.C.S.)

 

 

 

L'A.G.C.S. est un accord   international qui met en place des règles générales de libéralisation du   commerce des services. Qu'entend-on par libéralisation ? La suppression des   lois qui limitent le commerce. Une première partie de l'A.G.C.S.,   nommée accord cadre, a été   conclue à la création de l'Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C.) en 1994. Elle contient   les règles générales de libéralisation qui sont applicables à tout domaine de   service de l'A.G.C.S. L'O.M.C. organise des négociations régulières pour   intégrer des domaines de services sous la coupe de l'accord cadre. Chaque   nouvelle entrée de services est négociée par les pays membres de l'O.M.C.. Dans les termes de l'A.G.C.S., ce sont les engagements. La liste des engagements   pris à chaque période (ou round   en anglais) des négociations constitue la deuxième partie de l'A.G.C.S.. Chaque round se termine   par une réunion de l'O.M.C. : en 1999 ce fût la réunion de Seattle aux   U.S.A., en 2001 celle de Doha au Quatar, en 2003 celle de Cancun au Mexique.   En résumé, les règles générales de libéralisation sont fixées dans l'accord   cadre, tandis que la liste des engagements, qui comme nous le verrons   CI-DESSOUS ne peut que s'accroître, est en cours de négociation. Comme l'O.M.C. est un organisme   international, ses règles priment sur les lois nationales.

 

Ce document   donne des informations sur les règles de l'accord cadre de l'A.G.C.S. et ses implications.   Tout d'abord, il liste les secteurs concernés et présente l'objectif de   libéralisation l'A.G.C.S.,   il explique ensuite les règles qui visent à interdire les subventions aux   services et la notion de traitement national. Dans une seconde partie, des   réflexions essaient de dégager un sens à l'A.G.C.S.   et de prévoir ces conséquences. Une dernière partie est un appel à la   suspension des négociations de l'A.G.C.S.   et la mise en place d'un débat démocratique.

 

 

 

Quels secteurs de services sont couverts par l'A.G.C.S.   ?

 

 

 

Les   services concernés par l'A.G.C.S. sont classés en 12   secteurs :

 

× Les services aux affaires

 

× Communications

 

× Construction et ingénierie

 

× La distribution

 

× L’éducation

 

× L’environnement

 

× Les finances

 

× Le tourisme

 

× Loisirs, cultures et sport

 

× Transport

 

× Santé et services sociaux

 

 

 

Pour être plus concret cette liste comprend par   exemple la poste, les télécommunications, les transports, les enseignements   du primaire au supérieur, et bien d'autres secteurs encore.

 

L'article   I, 3, b de l'accord cadre indique que ``tous les services dans tous les   secteurs'' sont concernés sauf quelques exceptions qui sont la police, les   impôts, l'armée. Les services qui sont ``fournis sur une base commerciale''   ou `` en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs de service'' rentrent   dans le cadre de l'A.G.C.S..   ``Sur une base commerciale'' veut dire pour lesquels l'usager paie. ``Avec un   ou plusieurs fournisseurs de service'' signifie que plusieurs fournisseurs   proposent un même service. Ceci comprend donc les services de l'éducation, de   la santé, de l'information… puisqu'un usager peut par exemple s'adresser à un   hôpital public ou à une clinique privée pour se faire soigner et qu'il paye   pour ce service.

 

Remarque :   L'article I, 3 indique qu'il s'applique à tous les services ``à l'exception   des services fournis dans l'exercice du pouvoir gouvernemental'', donc a   priori les services publics. Cependant, il est écrit que cette exemption   n'est pas valable si les services sont payants ou font l'objet de   concurrence.

 


  Objectif de l'A.G.C.S.   : la libéralisation progressive.

 

 

 

Les   négociations qui complètent la liste des engagements ont pour objectif la   ``libéralisation progressive'' du commerce de tous les services cités   plus-haut, où progressive ne veut pas dire lente, mais par négociations   successives (Article XIX). Cette libéralisation ouvre l'accès au marché d'un   service engagé à tout fournisseur. En termes communs, si un pays a engagé ce   service dans l'A.G.C.S.,   toute entreprise peut s'installer sur son sol pour fournir ce service. Les   engagements s'accompagnent de discipline,   c.a.d. de mesures, pour contraindre les états à respecter leurs engagements.   Si l'état ne s'y conforme pas, il peut pour cela être attaqué par un autre   état devant le tribunal de l'O.M.C. qui s'appelle l'Organe de Règlements des   Différents (O.R.D.). Par exemple, les États-Unis et le Canada ont   porté plainte contre l'Union Européenne (U.E.) pour son refus d'importer du   boeuf aux hormones et cette dernière a été condamnée par l'O.R.D.

 

L'article   VI de l'A.G.C.S. est consacré aux   législations nationales. Il dit que les lois et règlements nationaux ne   doivent pas constituer ``des obstacles non nécessaires au commerce'' ; par   exemple que les exigences de diplôme ou les normes techniques ne doivent pas   être des restrictions ``plus rigoureuses qu'il n'est nécessaire pour assurer   la qualité du service''.

 

En cas de   litige, l'O.R.D. tranche. Pour revenir à l'exemple du boeuf aux   hormones, le tribunal a jugé que l'Europe ne pouvait pas justifier son refus   d'importer par le principe de précaution tant qu'elle n'apporte la preuve de   la nocivité du produit, et il a condamné l'U.E.

 


  Règles pour les domaines de services engagés.

 

 

 

Les trois   articles XV, XVI et XVII donnent les règles qui s'appliquent aux domaines de   services engagés par un état. L'article XV traite de la notion de subvention   qu'un état donne à des services, l'article XVI réglemente l'accès au marché   par les fournisseurs, l'article XVII institue le ``Traitement National''.

 

L'article   XV précise qu'une subvention est ``une contribution financière des pouvoirs   publics'' ou une ``forme quelconque de soutien des revenus ou des prix... si   un avantage est ainsi conféré.'' La notion de pouvoirs publics comprend toute   administration aussi bien nationale que locale. Si une mairie alloue une   partie de son budget pour l'entretien des écoles primaires, il s'agit d'une   subvention à l'Éducation Nationale. Si l'état verse une quote-part à la   S.N.C.F. pour favoriser le transport par train, cela est considéré comme une   subvention.

 

Les   subventions sont considérées comme des entraves à la libre concurrence (par   ``libre'', on entend non réglementée). Ainsi, l'article XV donne le droit à   un état d'attaquer devant l'O.R.D. un autre état qui subventionne les   fournisseurs de service nationaux.

 

L'article   XVI indique qu'un état qui a engagé un service doit en ouvrir le marché sur   tout son territoire à tous les fournisseurs de services quelle que soit leur   origine. Dans la conception de l'O.M.C., un engagement s'accompagne de levée des   restrictions nationales qui s'applique au service engagé. Les disciplines   évoquées auparavant sont là pour obliger les états membres à supprimer ses   limitations qu'elle que soit leur objet. Elles concernent par exemple le   nombre de fournisseurs, le montant des services, les conditions de travail,   le nombre de personnes employées, ou bien encore les diplômes requis.

 

L'article   XVII oblige un état à appliquer le même traitement à tout fournisseur, qu'il   soit public ou privé. Le traitement comprend les subventions ou toutes autres   mesures. Un état qui engage les services d'éducation et qui verse une   subvention à son système d'éducation nationale, doit verser la même somme à   un fournisseur étranger privé qui s'installe sur son sol.

 

Grâce à   ces articles, un engagement pris dans l'A.G.C.S.   entraîne des modifications de la législation nationale.

 


  Négociation des engagements.

 

 

 

Les ajouts   de services à la liste des services engagés par chaque pays sont négociés   entre deux états ou par groupe d'états. Un service une fois engagé ne peut   plus faire l'objet de limitations à cause de l'article XVI. Un membre peut   retirer un service, mais il doit pour cela offrir une compensation. Cette   compensation consiste en l'ouverture à la concurrence (c.a.d. en   l'engagement) d'un autre service. Ainsi, si on veut enlever un service, il   faut en ajouter un autre. Donc, la liste des services engagés dans l'A.G.C.S. va toujours en   s'accroissant. L'A.G.C.S.   ne prévoit pas de termes aux séries de négociations qui allongent cette   liste.

 

L'A.G.C.S. promeut aussi   l'application des règlements négociés pour un secteur à un autre secteur. Ce   transfert de règlement, qui s'effectue sans nouvelle négociations sur l'autre   secteur, est appelé approche   horizontale. Son but est d'éviter les négociations secteur par   secteur. Elle pourrait même s'appliquer à des secteurs non encore engagés.

 


  Où nous mène l'A.G.C.S.   ?

 

 

 

Après   avoir exposé dans les sections précédentes le contenu de l'A.G.C.S. de manière aussi   objective que possible, j'en propose ici une analyse personnelle.

 

Comme nous   l'avons vu, l'A.G.C.S.   vise la libéralisation du commerce des services par des négociations   successives. Comme il ne prévoit pas de terme à ces négociations et que la   liste des services engagés ne va qu'en s'allongeant, l'A.G.C.S.   aboutira peu ou prou à une libéralisation totale de tous les services   concernés. L'A.G.C.S.   est quasiment universel tant les secteurs de services concernés sont larges   et couvrent presque la totalité de services de nos sociétés. L'A.G.C.S. va donc contribuer, avec   les autres accords conclus à l'O.M.C., à soumettre nos sociétés aux seuls objectifs   de libre-concurrence, de libéralisation du commerce et de l'investissement.   Ce sont les seuls objectifs de l'A.G.C.S.   et semble-t'il de l'O.M.C. en général (qui est une institution mise   volontairement en dehors du cadre de l'O.N.U.). En effet, l'A.G.C.S. contraint les états à   supprimer les lois considérées comme ``plus contraignantes que nécessaires''   pour les entreprises de services, ou à ne pas en promulguer de nouvelles. Or   il peut être de l'intérêt d'une société de décider démocratiquement de limiter   tel ou tel service pour diminuer la pollution ou améliorer la santé publique,   ou encore de subventionner par exemple l'éducation pour favoriser l'insertion   sociale. Les buts de l'A.G.C.S.   rentrent clairement en contradiction avec les autres objectifs de nos   sociétés tels que la liberté des personnes, l'éducation, la santé publique,   le développement durable, l'éradication de la pauvreté, la démocratie, etc.   Ceci est humainement et moralement inacceptable car le commerce n'est pas une   fin en soi.

 

 

 

Par son   universalité, l'A.G.C.S.   limite énormément la capacité d'un état (ou un groupe d'états tel que l'U.E.)   de mener une politique pour aller vers des objectifs autres que la   facilitation du commerce des services. En particulier, l'A.G.C.S.   ne prend pas en compte la particularité des services publics qui sont depuis   leur origine un moyen d'atteindre des objectifs d'égalité par exemple dans   l'accès à l'éducation ou aux transports. Puisqu'un état, aussi riche qu'il   soit, n'aura jamais les moyens de donner une subvention conséquente à tous   les fournisseurs de services installés sur son sol, les articles XV, XVI et   XVII interdisent de fait les subventions. L'O.M.C. se donne ainsi les moyens de faire disparaître   les services publics.

 

 

 

Pourquoi   est-ce un des objectifs de l'O.M.C.? Un service assuré par un service public est   une activité dans laquelle aucune entreprise ne fait des profits. Or les   services majoritairement publics tels que l'éducation et la santé   représentent des marchés potentiels énormes (mondialement, de l'ordre de 2000   et 3000 milliards de dollars chacun). Avec l'élimination des services publics   les besoins ne disparaîtront pas et ces services seront privatisés. Ce seront   donc des nouveaux marchés pour les entreprises.

 

 

 

Si j'écris   ce texte, c'est parce que celui de l'A.G.C.S.   n'est pas aussi facile à lire qu'une bande dessinée. Comme on s'en aperçoit   dans les citations entre guillemets de la première partie, ce texte est   rempli d'ambiguïtés, voire de contradictions (cf. la remarque à la fin de la   section 1   sur les services couverts par l'A.G.C.S.).   La question importante devient : qui va interpréter ces textes lorsqu'il   faudra les appliquer ? C'est l'O.R.D., le tribunal de l'O.M.C., qui tranche. L'O.M.C. est donc juge et partie. On se demande alors   quelle est sa légitimité démocratique et pourquoi est-elle en dehors de   l'O.N.U. ce qui l'obligerait à   respecter entre autres les Droits de l'Homme ? On s'interroge aussi sur   l'indépendance de l'O.R.D. vis à vis des gens rédigent l'A.G.C.S., sur sa composition et   sa représentativité démocratique. Pour prévoir le comportement de l'O.R.D. et donc les conséquences   pratiques de l'A.G.C.S.,   on peut examiner les décisions de l'O.R.D.dans le passé. J'ai déjà donné l'exemple de la   décision concernant l'importation du bœuf aux hormones. Parmi les 11   jugements rendus par l'O.R.D., 10 stipulent que les règles nationales   étaient trop restrictives pour le commerce.

 

Eric   Rivals, 2003 agcs@free.fr
 
 

 

 

 

22 février 2009

France : pays des droits de l’Homme ?

« Pourquoi ce que les politiciens et la presse asservie des pays occidentaux appellent le « problème de l’immigration » est il devenus, dans tout les pays concerné, une donnée fondamentale de la politique des Etats ? Parce que tout ces étrangers qui arrivent, qui vivent et Qui travaillent ici sont la preuve que la thèse de l’unité démocratique du monde réalisé par le marché et par la « communauté internationale » est fausse. Si elle était vraie, nous devrions accueillir ces « étrangers » comme des gens du même monde que nous ».

Alain Badiou

 

 

La loi du marché se trouve actuellement au cœur des politiques menées aussi bien par les grandes instances internationales, telles que l’UE, la Banque Mondiale ou encore l’OMC, que par les états. Ces derniers sont contraints, même s’ils adhèrent à cette idéologie dominante, de déréguler les marchés financiers en supprimant toute entrave à la libre circulation des biens, des services et surtout des capitaux. Paradoxalement, la libre circulation des individus est de plus en plus menacée. Cet état de fait peut s’expliquer par différents facteurs. La fermeture des frontières permet de préserver une enclave dite « développée » qui permet d’asseoir un sentiment de satisfaction d’être né du « bon côté » de la barrière. Ces « privilégiés », persuadés que leur sort leur est envié par le reste du monde et que l’invasion est éminente, se réfugient derrière un repli nationaliste et des barrières législatives. L’Europe-Forteresse prend racine au cœur de cet imaginaire.

Ce qu’on appelle aujourd’hui le « problème de l’immigration » n’est en fait ni plus ni moins que la reprise de la bonne vielle thématique de l’ennemi intérieur qui a tour à tour été juif puis communiste au cours du XXème s. Aujourd’hui le débat se cristallise autour de problématiques montrées du doigt par le gouvernement, ce qui a pour effet, d’une part de créer une peur des « étrangers » et de leur afflux massif et d’autre part de les faire passer pour les responsables des maux actuels de notre société. Les immigrés deviennent ainsi des sangsues de toutes « nos » aides sociales, mais sont également ceux qui « volent le travail (ou le logement) du vrai français ! ».

 

Alors que les migrations en direction de l’Europe ne représentent que 4% des migrations mondiales, les discours de nos gouvernements tendent à nous faire croire, d’une part que des pays comme la France sont envahis par une immigration massive mais également que la seule manière d’empêcher un afflux plus massif est de durcir les politiques de contrôle des migrations. Face à de tels assertions il peut être utile de rappeler que la France est depuis plus de 25 ans le pays européen dont la croissance démographique dépend le moins de l’immigration.

Lors du dernier rassemblement organisé par RUSF (Réseau Université Sans Frontières) le 9 février, il a été possible à travers l’envoi d’une délégation à la préfecture, d’être confronté à l’argumentaire du pouvoir institutionnel, incarné ce jour là par un représentant du préfet. Face à des récits de vie de personnes qui ont été poussé à la migration avec ce que cela comporte de souffrances et de traumatismes, la seule réponse officielle est que l’ « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». La misère du monde renvoyant implicitement à l’idée reçue qui veut que les migrants soient « des pauvres » en provenance des pays du sud, sorte de fourre tout où les catégories de migrations politiques, de migrations économiques et familiales seraient confondues.

 

Les critères retenus par l’institution ici, pour juger de la recevabilité des demandes de titres de séjours, sont donc clairement subjectifs (il existe bien des lois, mais ces dernière ont l’inconvénient de ne pas prendre en compte les aspects moraux et surtout humains de ces cas, se limitant aux catégories prévues par la législation). Cette subjectivité est relayée dans toutes les strates de la société, du tribunal à la préfecture, en passant par les médias. Par exemple, on peut entendre au Tribunal des aberrations du genre « votre femme n’étend enceinte que depuis 3 mois, on ne peut pas dire que l’enfant ait besoin de son père » ou encore « cet individus est dangereux pour la société française » (en effet, il a purgé une peine de 11 mois pour avoir travaillé avec de faux papiers !)… C’est ce type de discours qui normalise des jugements de valeurs, et leur donne un caractère prétendument universel (ce qui est bien entendus faux et prétentieux). La subjectivité se retrouve également dans l’interprétation et dans l’application de ces même lois : en effet, une personne sans papiers soutenu par un diplomate influent s’est vu attribuer à titre exceptionnel un titre de séjour grâce à sa condition (ou plutôt celui qui a intercédé en sa faveur) ! 

 

 

Au vue de ces constats, on peut affirmer que ces discours et pratiques, s’opposent à l’idée très rependue qui voudrait que la France soit une terre d’asile, le pays des droits de l’homme. Ce n’est pas un Etat de droit que d’identifier les gens à travers leurs papiers. Ce n’est pas respecter la dignité humaine que de rafler à domicile, que d’aller jusqu’à enfermer des enfants dans des  centres de rétentions.

 

Ces pratiques sont rattachées à un vocabulaire précis, qui est lui-même rattaché à un imaginaire collectif basé sur la peur de l’autre et de l’immigration. Il faut questionner les connotations implicites de ces termes :

 

- immigration : la personne « immigrée », c’est celle qui vient d’ailleurs, de loin, du sud, pour profiter des conditions de vie ici. On l’associe la plupart du temps aux déplacements de populations pauvres, qui fuient, parfois clandestinement, leur pays d’origine. Elles transmettront malgré elles, leur statut discriminant à leur descendance ; on parlera alors d’immigrés de la deuxième ou de la troisième génération. Ces immigrés seraient là pour « voler le travail » (des nationaux), contrairement aux migrations entre pays Européens et plus largement entre les pays industrialisés, qui seraient là pour « créer le travail » ou au moins participer à l’essor économique national. Une autre catégorie a été crée ainsi lorsque l’on a voulu donner une connotation positive à l’immigration : l’immigration choisie. Ce concept impose une relation de domination forte de l’Etat sur l’individu, puisqu’il ne s’agit que de sélectionner un immigré qu’en fonction d’un métier et/ou statut dans la mesure où il pourra combler un manque sur le territoire d’accueil (et donc être utile aux intérêts économiques), sans pour autant s’intéresser à la personne en tant qu’individu.

 

- étrangers : parler d’étranger est le fait d’exacerber les différences entre les individus, de les présenter comme « autre ». Ce statut d’« autre » n’est pas dû à ce qu’est l’individu en tant que tel mais à son absence de pouvoir, dans le sens où la personne ne peut répliquer sur un même pied d’égalité puisqu’elle se trouve dans une position minoritaire, et ne parviendra donc pas à se faire accepter dans ce qui est considéré comme la norme. Ce procédé d’oppression se base sur la même rhétorique que ce soit au sujet des étrangers, des femmes ou encore d’autres groupes marginalisés. La façon de faire du groupe dominant n’est pas présentée comme un comportement parmi tant d’autres, mais comme LA norme. Les différences sont ainsi créées par le groupe dominant et apparaissent comme autant de signes du refus de s’intégrer des personnes stigmatisées. C’est en fait une manière de faire culpabiliser la personne, quant à ses différences vis-à-vis du groupe.

 

- sans papiers : ils sont considérés comme des gens à qui il manque quelque chose. C’est vrai, il leur manque la reconnaissance de l’Etat qui passe par l’octroi d’un statut administratif. La faute leur est mise dessus alors qu’il ne faut pas oublier que c’est l’Etat qui les place dans cette situation.

 

 Ces termes sont des marqueurs de l’évolution des mentalités au sein de la population française et sont largement instrumentalisés, diffusés et banalisés par les instances étatiques et médiatiques. Ils sont tellement repris qu’ils paraissent aujourd’hui neutres dans le langage commun, si bien qu’on a l’impression qu’ils représentent une réalité objective. Cependant, il ne faut pas oublier que ces termes sont le résultat de volontés politiques et idéologiques. Ces volontés sont les mêmes qui créent des lois de plus en plus répressives et sélectives vis-à-vis de l’immigration.


 

22 février 2009

Banalité et ordinarité du racisme

Vitrine de tolérance, fond de commerce xénophobe et contexte raciste.

 

La vitrine étatique de la lutte contre le racisme et les discriminations a rarement été aussi brillante. Dans son dernier mandat Jacques Chirac a créé la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) pour lutter contre les discriminations, créer du droit… Cette chatoyante devanture entretenue par le gouvernement Sarkozy et ses effets d’annonce cache un fond de commerce (électoral) basé sur la xénophobie et le racisme primaire. Quelle cohérence y a-t-il entre une institution comme la HALDE et un ministère de l’immigration et de l’identité nationale sinon celle d’une politique xénophobe enrobée d’un beau paquet anti raciste. Peut-on vraiment croire en un gouvernement qui d’un côté condamne les discriminations individuelles et de l’autre établit une politique stigmatisant l’étranger ? Voudrait-on nous faire croire qu’il n’y a pas de lien entre une politique de quotas pour l’immigration et les discriminations ou le racisme ambiant ? Souvenons nous d’un certain parti politique qui se félicitait d’avoir réussit à convaincre les électeurs du FN. Ce n’est pas leur idéologie qui a changée mais le programme de l’UMP qui a intégré (ouvertement et en la mettant en avant) leur dogme. De fait ils n’ont pas été convaincus, mais sont venus par convictions antérieures. Le racisme ordinaire est entretenu par des politiques xénophobes, les initiatives anti discriminatoires ne sont qu’un verni dans lequel chacun aime à se contempler en se croyant ouvert et tolérant.

Il en va de même pour ces têtes d’affiches politiques qu’on dit de deuxième génération (Fadela Amara, Rachida Dati…). Parler de génération d’immigré laisse entendre que l’immigration se transmet de génération en génération. Au bout de combien de générations une personne peut elle devenir française ? Les fabuleux cours de fabrication du bon citoyen (éducation civique) nous apprenaient que la France était un pays du droit du sol… Dans le droit et la loi seulement, en réalité il semble que c’est la couleur de peau et le sang qui déterminent le degré d’accession effective à la citoyenneté (pas seulement le droit de vote mais surtout le fait de pouvoir être considéré comme un semblable et non de garder l’étiquète de l’étranger). Même d’un point de vue juridique ce droit du sol s’est prit un grand coup de Karcher. Aujourd’hui il ne suffit plus de naitre en France pour être français. Une demande doit être faite et la nationalité ne peut être acquise qu’à partir de 18 ans. De fait la nationalité est assimilée à la citoyenneté, avant 18 ans, avant d’être citoyen, un enfant sur le territoire français n’est rien. Il peut être expulsé, sans concession. Le droit du sol n’est plus effectif, c’est un droit soumis à un devoir, un devoir de demande.

Nous ne parlerons pas ici du regroupement familial, de l’immigration choisie, des possibilités d’accession aux métiers, aux soins… Toute une série de lois régressives transforment une France qui se disait terre d’asile, en asile d’enfermement, d’assimilation et d’expulsion. Comment avons nous pu nous étonner dans un tel contexte du regard que les « citoyens » « français » portèrent sur des familles de « Rroms » la semaine dernière.

 

  Dans le tramway.

Il ne faut pas croire que le racisme est un invariant et qu’il s’attache toujours aux mêmes personnes. Les étiquetages évoluent, de nouvelles « populations » deviennent le support de stigmates. Ce racisme ordinaire (regards, mots bas, distance physique…) est lié aux lois et à la médiatisation de la xénophobie. L’Europe a fait apparaitre de nouvelles populations comme potentiellement dangereuses. Ce sont par exemple ces gens de l’Est, qui travaillent à n’importe quel prix, qui sont sans fois ni loi, qui ont des mœurs étranges, ce sont ceux que l’on appelle « Rom ». Ces horribles gitans du XXIème siècle, remplaçant les tziganes qui certes sont considérés comme d’invétérables voleurs (et « violeurs » ?) mais qui jouent de la guitare, font des feux de camps ; qui portent sur eux un parfum de liberté, plaisant à tout bon Bourgeois Bohème qui se respecte. Ces nouveaux gitans du XXIème siècle eux ne jouent pas de la guitare, ne vivent pas dans des caravanes tirées par des chevaux et ne font pas des feux de camps à Sainte Marie de la Mer pour prier la vierge Marie. Tout un imaginaire se développe sur ces personnes aux mœurs étranges.

Alors voila, un matin nous prenons le tram d’humeur guillerette et nous trouvons nez à nez avec ces Roms. Au grand damne des colons nostalgiques, l’apartheid assumé n’existe pas en France et « ces gens » ont le droit de voyager dans le même wagon que les bienveillants citoyens français. Horrible proximité physique dont chacun essaye de se défaire en plaçant une distance sociale.

Regards de biais, mots bas, changements de place, tant de petits gestes discrets et anodins qui inscrivent une distance énorme entre « eux » et « nous ». « Pourquoi parlent ils si fort ? », « Tu as vu comme ils prennent leur enfant, ils vont lui faire mal… à un enfant quand même ! », « c’est des familles nombreuses hein ? »… Certes ces « personnes » (qualité qu’on leur refuse, ce sont des étrangers, des Roms, ce sont tous les mêmes) n’ont pas les mêmes manières de faire que nous, mais elles n’en sont pas moins dénuées d’humanité. Prendre un enfant dans ses bras, le soulever dans les airs, le serrer contre soi, le taquiner… est ce vraiment le violenter. Oui leurs enfants ne sont pas dans des cocons, pas dans des poussettes avec roues tout terrain, avec capuchon pour la pluie, renforcement antichocs du coussinet dorsal pour protéger des graviers que la voierie aurait laissée sur le trottoir. Oui, ils osent donner des fessées à leur enfant ! Oui ils parlent fort ! Oui ils se prennent dans les bras pour se dire bonjour ! Est-ce pour autant plus critiquable que la distance que nous conservons dans chacune de nos relations, de nos bises contenues, de notre façon de parler à voie basse pour ne pas déranger notre voisin de siège de tramway (quand quelqu’un s’assoie à côté de nous, c'est-à-dire à la condition qu’il ne reste plus de place isolée).

Racisme ordinaire qui par définition est anodin et devient invisible. Cette petite anecdote n’est pas la seule preuve de cette peur de l’autre présente en chacun de nous. Une autre petite histoire ordinaire, un petit discours, qui en dit autant que l’exemple précédent.

 

 « Les expulsions d’adultes ça me dérange moyennement, mais les enfants quand même ! »

Mercredi nous étions à un rassemblement devant un squat abritant vingt familles de Rroms. L’immeuble devait se faire détruire et les familles se faire expulser du logement. Une dame passe, s’arrête devant l’immeuble et observe le tout d’un air dubitatif. Nous commençons un dialogue avec elle pour l’informer de la situation. Voici quelques extraits de ces belles paroles pleines d’humanisme et de tolérance envers l’autre.

«  Vous avez une petite pétition pour que je la signe ; c’est pas grand-chose mais au moins ça fera pour ma petite conscience ? »

«  Ces enfants, je les vois tout le temps, ils jouent tout le temps dans la rue. L’autre jour il y en a un qui a faillit se faire écraser avec son biberon à la main. J’ai essayé de lui parler mais forcément il ne parle pas français. Un jeune est sortit mais il parlait pas très bien français ».

« Bon ça va ils sont bien habillés les enfants, enfin ils ont pas froid en tout cas ».

« Ils doivent leur donner des sédatifs à leur enfants pour qu’ils restent la journée dans les bras de leur parents sans rien faire et sans jouer». 

Un tel concentré de pensées bienveillantes et ouvertes sur les conditions de vie de chacun se passe de commentaires.

 

 Stigmate, préjugés.

En médecine, le stigmate est une cicatrice ; dans le domaine judiciaire c’est une marque d’infamie, dans le domaine militaire c’est une marque faite par les romains aux nouvelles recrues. Dans tous ces cas le stigmate peut se résumer par une marque corporelle visible distinguant l’individu des autres personnes. Le racisme ordinaire se base sur des stigmates. Certaines personnes sont identifiées par des marques corporelles (couleur de peau, tenue vestimentaire, manière de se tenir et de parler). Le regard porté sur eux en devient classant. On ne va pas entrer de la même manière en relation avec ces personnes, on va les penser comme différentes… A cette différenciation entre « eux » et « nous » est lié tout un ensemble de préjugés : « les noirs ont la musique dans la peau », « les gitans sont des voleurs », « les italiens sont machistes ». Un tel résonnement fait que ce n’est plus la personne en elle-même qui est, mais qu’elle est et fait car elle appartient à un groupe.

On parle de tolérance pour des valeurs comme le respect des droits de l’homme, pour la pédagogie… mais ces beaux concepts et préceptes sont des constructions occidentales. Il faut savoir dépasser nos préjugés sur le comportement d’autrui, entrer en dialogue pour comprendre et ne pas rester à un regard classant et discriminant. Ce premier pas n’est pas facile à avoir, il faut passer par-dessus ses appréhensions, par-dessus les normes de distance sociale, par-dessus nos préjugés, par-dessus les stigmates. Rendre l’humanité à tous ceux qui nous entourent ce n’est pas vouloir leur appliquer notre conception de ce qu’est un être humain ; c’est comprendre ceux qui nous entourent dans leur propre logique et non selon notre logique qui est formatée par un système social, politique et culturel. Jamais on ne pourra devenir quelqu’un d’autre et le comprendre totalement. Il n’empêche que si nous ne nous fixons pas la compréhension de l’autre comme but, si nous ne faisons pas preuve d’ouverture, le racisme aura de belles années devant lui et les atrocités passées et présentes pourront encore perdurer.

22 février 2009

La sécurisation de l’espace : être vu sans jamais voir

ETAT DES LIEUX

La vidéosurveillance apparait en France dans les années 1970, elle est au départ installée pour contrôler le trafic routier et les magasins de luxe. Dans les années 1980, le nombre de caméras s’amplifie dans les transports collectifs, les commerces, les lieux de travail et de loisir et les bâtiments publics. 1990 est le point culminant de ce processus : la vidéosurveillance fait son apparition sur la voie publique, ce procédé devient banal. Face à cela, il faut noter le rôle important de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) créée en 1974. Cet organisme est censé être la seule barrière face à la fuite de nos informations personnelles via l’informatique, la vidéo surveillance et autres multimédias. C’est à cette époque qu’il aurait fallut réagir or d’après un sondage réalisé en 1996, seulement 51% des personnes interrogées pensent qu’être filmé dans un lieu public est une grave atteinte à la vie privée. Le développement de la vidéosurveillance dans le quotidien de chacun(e) ne s’arrête pas à la simple multiplication de ces objets dans les rues et bâtiments, il s’agit aussi d’un continuel effort de performances techniques (champ de vision à 360°, zoom précis à plus de 300m permettant de lire sur les lèvres ou de lire une plaque minéralogique), d’autant plus que la transmission de ces images est instantanée via les lignes téléphoniques, cela permet de voir et écouter sans frontière. Vers l’an 2000, le nombre de caméras dans les grandes villes européennes prend un essor important. La France, voulant imiter son voisin britannique souhaite améliorer son système de vidéosurveillance. On peut prendre plusieurs faits marquant. Par exemple depuis 2004, la police nationale n’est plus obligée d’obtenir l’accord de la CNIL pour créer un nouveau dossier de données personnelles sur un individu : où est la limite de notre droit à la protection de nos données personnelles ? Quelles sont les dérives possibles par ce type d’agissement ? Le second fait important date de 2008 où Michèle Aillot Marie, ministre de l’intérieur, réunie la commission nationale de la vidéosurveillance afin de « promouvoir un modèle français de la protection du citoyen ». Pour cela, M.A.M souhaite multiplier par trois le nombre de caméras de surveillance en France d’ici fin 2009 donc augmenter l’effectif de 300 000 à 900 000 caméras.

 

La vidéosurveillance marque la mise en place d’une société de contrôle et ce dans n’importe quel milieu. L’université lumière de Lyon, sur le campus de Bron, est un des endroits phares pour expérimenter ces nouvelles prouesses techniques. Le campus compte près de 17 caméras, leur installation commence lors l’arrivée à la présidence de Claude Journès en 2006. Son action ne se fait pas attendre, fin 2006 un fichage photographique est réalisé sur des étudiants activistes et militants. Les clichés sont pris par des vigiles de l’université Lyon II sur ordre de la présidence. Des étudiants  sont vus en train d’emballer les caméras de sac plastique, faire des pochoirs sur des tableaux d’affichages, la plupart ont un look soi-disant « activistes » ou « militants ». Début 2007, Journès fait installer de nouvelles caméras de surveillance sur le campus, des grilles fermant l’accès à l’université, augmente le nombre de vigiles. En février, une action est organisée par les étudiants de Lyon II : déboulonnage de grilles, messages peints sur les murs… une plainte est déposée à l’encontre de trois étudiants par Claude Journès, il s’appuie sur les photos prises en novembre 2006 par les vigiles alors que les faits eurent lieux en février 2007. Cette liste « rouge » fut ensuite transmise à la police suite à des arrestations d’étudiants en 2007. Parallèlement, depuis juin 2005, la société Foxstream, spécialisée dans la vidéosurveillance intelligente, équipe les caméras de l’université Lumière Lyon 2 avec son logiciel FoxVigi[1]. Cette surenchère d’une soi-disant protection de l’université et de son environnement amène à une banalisation de ces outils. La sécurité devient une atteinte à nos libertés alors qu’elle devrait les préserver. On peut prendre l’exemple du service de sécurité, ils portent une tenue de sapeur-pompier, rôle qu’ils ne tiennent absolument pas puisque il est écrit sur leur uniforme (en minuscule) « sécurité », cela tend à faire fondre une sécurité excessive dans une normalité qui ne devrait pas être.

 

REFLEXION

Pour entamer une réflexion sur la sécurité et l’insécurité, partons des arguments de ceux qui promeuvent la surveillance et la sécurisation de l’espace public. Dans une réponse aux critiques qui lui sont adressées par rapport à ses activités à Lyon II, le président de Foxstream se dit prêt au débat et voici comment il en pose les termes : « Si une enseignante oublie un papier dans son bureau et revient le chercher tard le soir, est ce plus important qu’elle puisse se déplacer dans un lieu sécurisé sans risque de se faire agresser ou que personne ne sache qu’elle est passée dans son bureau à une heure tardive ? [2]». Ô sophisme quand tu nous tiens... Et toi lecteur si tu vois ta copine se faire tabasser par des flics tu laisses faire ou tu t’interposes au risque de subir les conséquences ? Le sophisme permet de légitimer n’importe quelle action, de la vente de churros dans un centre d’amaigrissement au génocide des dangereux porteurs de chemise à carreaux. Quoi qu’il en soit, un tel argumentaire n’est basé que sur des questions rhétoriques, sur le sensationnel. La problématique de la sécurité n’est pas posée. L’insécurité est présentée comme une donnée existant de fait et inéducable que l’on ne peut résoudre que par la répression et la surveillance. Avec un tel argumentaire on en vient à se poser seulement la question de l’efficacité du dispositif de surveillance et non ses fondements, c’est dans ce jeux que tombe France inter dans son débat sur les caméras au titre accablant [3] « Pour ou contre la vidéosurveillance, Surveiller les citoyens est ce vraiment efficace et combien ça coute ».

La mise en place à l’excès de dispositifs de sécurité entraine une impression d’insécurité. C’est un cercle vicieux, puisque l’impression d’insécurité amplifiera la demande de sécurité et ainsi de suite. Il faut sortir de ce cercle sans fin contribuant à enfermer la population dans un cadre atrophiant les libertés individuelles de circulation, de réunion, en bref du droit de vivre. Par ailleurs, avec ce système les statistiques montrent qu’à force de surprotéger les biens matériels, l’insécurité se porte plus sur l’être humain. Cela découle de la logique matérialiste mise en avant par notre société où l’individu semble se protéger derrière ses possessions matérielles.

 

Les caméras de surveillance sont censées jouer un rôle de contrôle de l’individu, contrôle qui se transforme en autocontrôle. La présence de ces caméras, ajoutée à celle des cartes cumule donnant accès ou pas à certaines salles, la présence de vigiles ; tout cela entraine une régularisation du comportement selon les normes qui nous sont imposées. On remarque sur le campus de Bron que les lieux de rassemblement sont restreints comparé à l’espace disponible, si des étudiants veulent se rassembler ne serait ce pour discuter, les salles ne sont généralement pas disponibles puisque réservées au seul fait des cours. Se crée ainsi une création d’espace surveillés ou non-surveillés, ce sont des marqueurs d’espace qui imposent des comportements différents selon le lieu où on se trouve. La présence de caméras dans certains endroits (distributeurs, présence de matériel…) enracine la notion de privatisation des biens, des sommes importantes sont utilisées pour qu’un matériel efficace puisse être mis à disposition de la communauté universitaire, chacun(e) devrait pouvoir utiliser ce matériel, or les caméras indiquent qu’une suspicion est portée sur chaque utilisateur comme quoi ils/elles seraient potentiellement criminel. Mais cette pratique devient tellement courante qu’on en vient à distinguer des espaces banalisés d’autres qui ne le sont pas, la vidéo surveillance entraine une catégorisation de certains espaces comme privilégiés, sécurisés. Se développe une peur du comportement de « l’autre », par cette installation on présume que quelqu’un va venir causer des dégradations, voler du matériel, entrer par effraction ainsi les interdictions déjà mises en place dans le règlement intérieur ou sur des panneaux (Ex. cigarette) sont entérinées par cette surveillance constante. Le doute devient omniprésent et la liberté de circulation de chacun(e) est remis en cause, les déplacements de chaque individu sont questionnés : « Ou va-t-il ? Il est habillé en noir… Pourquoi faire ? Pourquoi met-il sa capuche ? Il se reproche quelque chose… ». Ce type de question peut être posé par n’importe quel individu Lambda et contribue à discriminer certains types physiques et/ou vestimentaires, ces types sont parfois utilisés à mauvaises escient pour faire parler une vidéo ou photo, par exemple, en reprenant l’affaire Journès (développée dans la 1ère partie), les clichés qu’il présenta à la police comme preuve aux « dégradations » furent prises en 2006 et non en 2007 comme il l’affirme.

En fin, la dernière question qui se pose est celle des moyens financiers, on se doute bien que ce matériel de vidéosurveillance, les nombreux gardiens et le système de cartes électroniques doivent être une part importante du budget alloué à l’université par l’état. La gestion d’un budget dans une structure doit suivre une certaine logique d’attribution : sécurité, sanitaire, entretien… des quotas sont constitués pour chaque catégorie. Il est quand même fabuleux que le budget de la sécurité ait l’air si important alors que les problèmes d’amiante, d’émiettement des plafonds en salle de cour devraient être prioritaires et ne sont pas traités (si ce n’est cette année pour les bâtiments L et K).

 

PERSEPECTIVE

 Face à ce manque de respect de l’individu et de ses libertés personnelles, il est nécessaire d’agir et de trouver une ou des solutions. On ne peut se laisser manipuler par un système comme celui-ci, notre image devient la seule propriété de ceux qui la produisent. Ou est notre droit à l’image ? Notre droit de vivre ? De circuler ou de se réunir ?

Plusieurs types d’actions sont envisageables : la première consiste en un masquage des caméras par des sacs poubelles, dans la même veine on peut essayer de détourner les caméras vers le plafond ou sur le mur sur laquelle elle tient (à voir quel type de caméra). Le plus efficace serait de les casser, les mettre hors état de nuire, car ce sont bien des nuisibles, elles nuisent à nos libertés et à la protection de nos données personnelles. Casser une caméra ce n’est pas si grave tout dépend ce qu’il y a derrière l’action, une réflexion doit susciter un tel acte. Une dernière idée pourrait être originale : le kidnapping. Prendre en otage toutes les caméras du campus de Bron, les photographier toutes réunies, la rançon serait un retour en arrière : suppression des caméras, suppression des grilles de l’université, réduction du personnel de sécurité ou du moins de leur droit sur la communauté universitaire.

A partir de ces données, réflexions et questionnements libre à vous de savoir si vous tolérez cette suppression progressive de vos libertés individuelles et collectives. Vous avez des droits sur votre image, vos données personnelles. Réagissez !

 

 
 

L’université Lyon 2, laboratoire leader de   l’industrie de la surveillance

 

 

 

15 janvier   2008

 

 

 

Généralisation   de la vidéosurveillance sur le campus de Bron, instauration de la carte Cumul   qui cumule surtout électroniquement nos activités sur la fac, grillage du   campus, existence de dossiers (complètement illégaux) sur les personnes ayant   des activités militantes… Lyon 2 n’est pas en retard dans la mise en place   d’une société de contrôle.

 

 

 

Mais   l’implication de Lyon 2 dans cette généralisation de la surveillance ne   s’arrête pas à ces aspects quasi-courants : dans les quelques pages qui   suivront, nous montrerons qu’elle est (ainsi que d’autres universités ou   écoles lyonnaises) au cœur des recherches et de la mise en place de nouveaux   dispositifs dans le domaine sécuritaire, dans le cadre d’une collusion entre   recherche, université et intérêts privés.

 

 

 

L’université   Lyon 2, laboratoire leader de l’industrie de la surveillance

 

Tract   diffusé à l’université Lyon 2 lors de la venue de la ministre de   l’Enseignement Supérieur et de la Recherche à Lyon 2, mardi 16 octobre,   histoire de débattre de cas concrets sur la question de la privatisation de   la fac.

 

A l’heure   de la loi Pécresse sur la privatisation des universités, ces quelques pages   nous semble un bon début pour discuter de la participation des étudiant(e)s à   ces projets de recherche, en tant que cobayes, main d’œuvre ou initiateurs,   et de la pertinence de liens entre nos universités et le marché du   sécuritaire.

 

 

 

TECHNO-VISION Du missile intelligent à la vidéosurveillance intelligente

 

Les projets   sécuritaires lyonnais forment un tableau qui débute au niveau national.

 

En janvier   2007, la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL) donnait son   accord pour la mise en œuvre de deux programmes de recherche sur la biométrie.   L’un est mené par SAGEM Défense Sécurité, industriel de l’armement et leader   mondial en matière de biométrie. Il n’en sera pas question dans ce qui suit.   L’autre, le projet IV2 « Identification par l’Iris et le Visage via   Vidéo » est un partenariat français entre les pointures de la recherche   sur les technologies de l’information : INT, INST, INRIA, EURECOM… Le   laboratoire LIRIS de l’Ecole Centrale de Lyon participe à l’aventure   scientifique, comme les sociétés THALES (aéronautique et armement) ou URATEK.   C’est ce projet IV2 que nous allons aborder dans les lignes qui suivent.

 

IV2 est inséré   dans un programme plus ambitieux, TECHNO-VISION, soutenu conjointement par   les ministères de la Recherche et de la Défense. Lancé en juin 2004,   TECHNO-VISION a pour thèmes de recherche « la vision pour la robotique,   la vidéo-surveillance, la biométrie, le traitement d’images aériennes et   satellites » ou encore les technologies d’archivage vidéo.

 

 

 

- Parmi les dix   projets financés dans le cadre de TECHNO-VISION, l’un d’eux, ROBIN se   concentre par exemple sur l’imagerie terrestre et aéroportée, avec en son   sein des entreprises comme MBDA Missile System. Objectif : la détection   et la reconnaissance automatique d’objet. Les chercheureuses travaillent ici   sur les missiles à guidage vidéo ou missiles « intelligents ».

 

- Le projet   TOPVISION s’occupe lui d’imagerie sous-marine ; divers programmes ont   pour objet la vidéo-surveillance et un dernier concerne l’imagerie médicale.

 

- IV2 est le   projet concernant la biométrie : on s’affaire à Lyon, Paris et Toulouse   pour constituer les bases de données nécessaires aux recherches. Dans trois   des universités participantes, tout ce qui les peuple, (des étudiant(e)s au   personnel administratif en passant par les technicien(ne)s de surface) est   invité à se faire numériser par bouts : visages, iris et visages parlants.   Avec ces bases de données, le LIRIS École Centrale travaille entre autres à   en déduire des algorithmes qui permettront la reconnaissance informatique   d’un visage ou d’un iris par vidéo, tentant par là-même de mettre au point ce   qu’à l’Imperial College de Londres on affine déjà : la   vidéo-surveillance capable de reconnaître un visage, de le suivre sur bande   vidéo et de l’identifier une fois le système couplé à un fichier nominatif de   visages numérisés.

 

 

 

En matière   de vidéo-surveillance intelligente couplée à la biométrie, VISIONICS, l’un   des plus gros du secteur aux Etats-Unis, détient un palmarès étonnant :   le scan du visage des 72 000 spectateurs du SuperBowl ; elle a déjà   vendu cette technologie au service d’immigration des Etats-Unis (qui s’en   sert à la frontière mexicaine) et à l’armée israélienne pour qu’elle   surveille plus et mieux la bande de Gaza.

 

Avant de   continuer, petit rappel pour celles et ceux qui ont raté la présentation FNAC   du dernier ordinateur à sécurisation digitale :

 

 

 

La biométrie   La biométrie consiste à informatiser des données morphologiques (empreintes   digitales, forme de la main ou du visage, iris) et biologiques (ADN, odeur,   sang). Elle est aujourd’hui utilisée principalement pour l’identification et   les contrôles de flux d’individus. Ainsi, dans certains collèges et lycées,   la cantine est équipée de bornes scannant la main des élèves. Ou encore,   HITACHI a développé un système relié directement au compte en banque pour   régler ses achats par lecture du réseau vasculaire du doigt. Un autre exemple   concerne notre future carte d’identité, prévue initialement pour 2006 et   repoussée à 2009, qui mêlera biométrie et puces RFID (puce lisible à   distance) ; la puce contiendra nos empreintes digitales et notre photo   du visage numérisées, permettant une reconnaissance par informatique. |

 

 

 

Quand l’université Lyon 2 se transforme en secteur R&D de l’industrie   du sécuritaire

 

Au LIRIS   École Centrale de Lyon, à Ecully, il semble que l’esprit aiguisé des   chercheureuses n’ait pas résisté à l’attrait certain de ces recherches pour   le progrès humain. La concurrence avec l’Imperial College qui développe en ce   moment un nouveau concept de reconnaissance faciale pour les JO de 2012 doit   être stimulante !

 

Né début   2003 à la suite du regroupement de plusieurs laboratoires de recherche   lyonnais, le LIRIS, (« Laboratoire d’informatique en images et systèmes   d’information », associé au CNRS), compte environ 280 personnes (sans   compter les centaines de doctorants). Divisé en quatre tutelles, à l’INSA de   Lyon, à l’Université Claude Bernard Lyon 1, à l’Ecole Centrale de Lyon et à   l’Université Lumière Lyon 2, il se répartit sur les campus de la Doua, Ecully   et Bron.

 

 

 

Le LIRIS   Lyon 2 Bron, situé dans le bâtiment C au 1er étage, a cette particularité   d’être le partenaire très particulier d’une entreprise spécialisée en   vidéo-surveillance intelligente, la société FOXSTREAM.

 

http://panoptique.boum.org/IMG/png/FoxVigi-illus4.png

 

(Sur la plaquette de présentation de son logiciel FoxVigi, Foxstream   affiche son partenariat avec le CNRS et le LIRIS.)

 

 

 

Cette   société base ainsi son activité commerciale sur les technologies issues des   recherches effectuées au LIRIS Lyon 2 Bron. Le travail effectué à Bron par   l’équipe du professeur Miguet sur les techniques de vidéo-surveillance   intelligente n’est pas aussi complexe que la reconnaissance des visages, mais   l’entreprise chargée « du transfert des technologies issues de la   recherche en traitement et analyse d’images effectuée au LIRIS » peut   maintenant se targuer de vendre un produit high-tech : FoxVigi.

 

On est loin   des dispositifs d’aide aux personnes médicalisées ou d’imagerie médicale qui   ont fait la réputation du LIRIS. Le transfert de savoir du laboratoire public   à la société privée est ici le plus simple possible : l’entreprise a   installé directement ses locaux dans le laboratoire LIRIS Lyon 2 Bron, en   plein milieu du campus.

 

Son patron   Jean-Baptiste Ducatez, tête de liste PS à Genas, commente : « Cette   proximité géographique avec des chercheurs reconnus internationalement dans   ce domaine est une source de richesse inépuisable pour la société Foxstream   et ses clients. » Une richesse inépuisable... FOXSTREAM À la conquête du   campus, des TCL et du ministère de l’Intérieur ?

 

FOXSTREAM a   commencé « petit » : depuis juin 2005, la société équipe les   caméras de l’université Lumière Lyon 2 avec son logiciel FoxVigi.

 

Le soutien   institutionnel répété lui permet de voir plus loin : elle est lauréate   de l’association Rhône-Alpes Entreprendre, puis labélisée NOVACITE, structure   dépendant de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon. Au niveau   national, elle se voit remettre différents prix, notamment par le   président-directeur général du groupe THALES (armement et aéronautique). Et   avec l’aide de 137 000 € d’Oséo (Oséo, « soutien à l’innovation »),   la jeune pousse lyonnaise voit grand. En janvier 2006, l’entreprise partait à   la conquête de Lyon. Le pôle industriel Lyon Urban Truck&Bus 2015, un   pôle dit de compétitivité dans le domaine des transports financé par la   région, labellisait son projet de vidéo-surveillance intelligente adapté aux   bus (poétiquement nommé Cerbère Vision), dans le programme « sécurité et   sûreté ». Le soutien des collectivités locales à cette entreprise peut   laisser présager l’implantation de ses technologies dans leurs transports en   commun. FOXSTREAM ne s’arrêtera pas là. Le 29 juin 2006, elle était invitée   par le Service des Technologies de la Sécurité Intérieure (STSI) du ministère   de l’Intérieur pour présenter son produit FOXVIGI. La perspective de contrat   est alléchante puisque le STSI participe à la définition des achats du   ministère pour les 3 années à venir. Associé au LIRIS de Bron, FOXSTREAM peut   potentiellement profiter des recherches en cours au LIRIS École Centrale sur   la reconnaissance du visage. L’industrie lyonnaise de la vidéo-surveillance   intelligente a de beaux jours devant elle… Militaro-civil, publico-privé,   plus rien ne doit nous étonner.

 

 

 

En ces   temps d’autonomie de l’Université, dans les locaux d’une faculté de sciences   humaines, la présence d’une entreprise à la conquête du marché du sécuritaire   est censée passer inaperçue. À Lyon donc, entre camarades   ÉtudiantE-chercheurEUSE on se biométrise dans des bases de données pour   décrocher son petit diplôme. Le transfert à l’industrie est rôdé. La fac,   mi-université mi-zone industrielle, se sert quant à elle de l’étudiantE comme   cobaye pour tester les logiciels de la société maison de vidéo-surveillance,   développée en partie par l’étudiantE. Avant que cette société n’aille   conquérir de nouveaux marchés, et que l’on se félicite de la vitalité de   l’économie locale ! La refonte de l’université et de la recherche avec   l’industrie suit donc son bonhomme de chemin. Le surf généralisé sur le   « sentiment d’insécurité » trace la voie des investissements.

 

Michèle   Alliot-Marie ex-ministre de la Défense, actuelle ministre de l’Intérieur   (future ministre de la Recherche ?) commenterait : « il est   plus que jamais indispensable de dépasser les frontières entre militaire et   civil pour mutualiser nos expériences et nos savoir-faire. »

 

 



[1] Tract « L’université Lyon 2, laboratoire leader de l’industrie de la surveillance. », voir annexe.

[2] Réponse de Foxstream au tract diffusé à Lyon 2, www.rebellyon.fr.

[3]France Inter, Service public, émission du 05.02.2009

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22 février 2009

Présentation Disséquons N°1

Se voulant être un support de réflexion visant à la création de débats et d’actions (cf. Présentation du Dissequons n°0), cette publication peut paraitre à certain difficile à lire et à comprendre, voir « indigeste ». L’écriture lourde et dense, n’a pas pour  but de créer une distance ou d’être élitiste. Simplement nous avons choisis de créer un support qui ne soit pas destiné à être lu à la va vite. Le « disséquons » n’a pas pour vocation d’être un journal d’actualité, ou plutôt de brèves factuelles. Evidemment, nous écrivons sur l’actualité dans laquelle nous vivons. Aussi nous écrivons selon des normes universitaires qui nous ont été inculquées. Il est important que ceux désirant critiquer un article le fasse (que ce soit sur la forme ou le fond). Les idées exposées, ne se veulent pas universelles, mais à débattre, et ce débat ne veut pas se limiter à la communauté de l’institution universitaire et militante.

 

Sommaire

Vidéo surveillance

Banalité et ordinarité du racisme

France : pays de droits de l’homme ?

Est-ce possible de changer le monde

Pour une information alternative

9 février 2009

De la violence d’Etat présentée comme nécessaire à la nécessaire violence des luttes…

« Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du coeur; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (…) »

Alexis de Tocqueville

 

Dans ses écrits, Weber définit l’Etat dans sa forme minimale comme détenant le monopole de la violence légitime. Cette violence se retrouve quotidiennement par l’emploi de la force (par les policiers et gendarmes), par l’intrusion dans la vie privée des individus et la surveillance potentielle de chacun(e). Les expansions de cette violence et de ce contrôle se retrouvent dans le modèle du panoptique proposé par Bentham et repris avec succès par Foucault . L’établissement de la violence comme norme fait que chacun(e) s’autocontrôle inconsciemment (ou consciemment) pour ne pas subir cette violence. La violence n’apparaît pas comme telle mais est intériorisée par chacun(e) de nous et apparaît comme une norme juste.

Par suite, la légitimité de cette violence apparaît clairement dans son invisibilité en tant que violence. Elle apparaît aux yeux de beaucoup comme allant de soi, comme nécessaire (« vous croyez vraiment que l’on peut vivre sans police ? » ou « illes ont surement quelque chose à se reprocher pour craindre les caméras » ou encore « illes ont surement fait quelque chose de mal, pour se faire taper par la police »). Quand une bavure apparaît dans le « débat public », c’est sous forme de fait exceptionnel, d’exception qu’il faut combattre. Or il est logique que l’usage de la violence conduise à la bavure (et les bavures sont plus fréquentes que ce que pourraient nous laisser croire les médias, cf. Témoins). De plus le fait même de parler de bavure établit une distinction entre une violence policière nécessaire, juste et une violence exceptionnelle qu’il faut combattre. Cette distinction contribue donc à légitimer l’usage de la violence par l’Etat.

En tant que violence légitime la violence de l’Etat délégitime tout autre forme de violence (elle apparaît d’autant plus légitime quand elle s’oppose à d’autres formes de violence). En nous opposant systématiquement à toute forme de violence dans les mouvements, en la présentant comme étant illégitime, on rentre dans ce jeu de légitimation d’une seule forme de violence et dans le jeu de l’Etat.

La frontière entre ce qui est violent et ce qui ne l’est pas est un lieu de légitimation des actes que nous devons dépasser !

 

Pour dépasser ce monopole de la violence légitime (entrainant une dépréciation de toute autre forme de violence) commençons par rappeler la portée positive que peuvent avoir les actions violentes pour notre mouvement. Elles peuvent permettre de proposer une réelle opposition et de combattre le gouvernement sur ce qui lui fait le plus peur. Si l’Etat tient tant au monopole de la violence légitime ce n’est pas pour protéger la population mais pour assoir et consolider sa domination. La volonté de refus de toute action violente limite le mouvement dans ses perspectives de lutte et nous amène à rester dans un cadre établit (établit par l’Etat que nous combattons).

Deux discours sont couramment utilisés pour dénigrer les actions violentes. Le premier consiste à dire que la violence dessert le mouvement en n’en donnant une mauvaise image sur la « scène publique ». Les fondements d’un tel discours sont contenus dans une logique d’audimat et de conformiste sur laquelle nous ne reviendrons pas une nouvelle fois ici (cf. Article sur les médias). Le deuxième discours est celui d’une dépréciation des actions violentes en leur enlevant leur portée politique. Or les actions violentes ne sont pas forcément gratuites. 

Illustrons ce discours de dénigrement de l’action violente par le mail du président de Lyon 2 « Réaction aux dégradations commises sur le Campus Berges du Rhône ». Les actions violentes sont critiquées sur ces deux points : elles donnent une mauvaise image et elles ne sont pas justifiées, elles sont gratuites, ce sont des actes de « délinquance ». Nous (qui écrivons), ne savons ce qui s’est passé sur les quais, encore moins les intentions de ceux ou celles qui ont effectués ces actes. Pour autant nous nous refusons à stigmatiser leurs actes et à les dénigrer du simple fait qu’ils soient considérés comme violents.

Ce type de discours conduit à une séparation du mouvement en deux : entre ceux et celles qui détiennent les moyens d’actions légitimes et ceux et celles que l’on appel « casseurs », « toto » ou autres… Cette séparation du mouvement renvoie aussi à une séparation du monde entre ceux ou celles qui luttent de manière légitime et les autres. C’est ce discours qui a servit à la critique des émeutes des banlieues en leur ôtant leur portée politique. Les émeutiers étaient décrits comme des casseurs, des délinquants.

 

Il ne faut pas oublier que le refus de la violence et la volonté de se conformer dans des actions « légitimes », tel l’écrit, la manifestation calme et structurée, le beau discours dépend de ressources et d’une culture. Par exemple, l’écriture de journaux ou les beaux discours demandent une maitrise de la langue française et de ses codes qui sont ceux de la classe dominante (la force de cette domination c’est de se présenter comme étant universelle et juste). Toute une part de la société est exclue de ces ressources, refuser de voir dans l’action violente une lutte politique c’est de fait se désolidariser de ces groupes de personnes. En somme c’est s’inscrire dans un mouvement élitiste qui reproduit la domination sociale.

 

S’il ne faut pas voir une action comme étant illégitime car elle est violente, il ne faut pas non plus voir toute action violente comme légitime. La violence n’est qu’une forme. Cette forme est bien trop souvent utilisée dans les discours pour légitimer ou délégitimer une action ou un groupe de personne. Il appartient à chacun(e) de nous de questionner ce terme de violence pour ne pas nous reprendre le discours discriminant et stigmatisant de ce qui nous dirige (du gouvernement aux normes sociales).

Refuser la stigmatisation par l’accusation de violence c’est accepter que dans notre mouvement puisse cohabiter actions violentes et non violentes (elles ne sont antithétiques que dans la stigmatisation de la violence).

 

Pour finir prenons actes de ce que disait Sarkozy en 2005 : si le mouvement des banlieues et celui des étudiant(e)s converge ce sera la fin du quinquennat de Chirac. Pour une fois prenons en compte ce que dit notre cher président et réactualisons le.


Trouvé sur le site : http://temoinslyon.free.fr/

Comment un contrôle d’identité à hôtel de ville dégénère en passage à tabac

Samedi 5 avril après une soirée avec deux amis, vers une heure du matin, Abdel patiente devant l’arrêt de bus du C3, à la sortie de métro Hôtel de ville, pour rentrer chez lui.

Une Laguna verte s’arrête, trois policiers en civil en sortent, mettent leurs brassards. Ils intiment aux trois amis l’ordre de sortir les mains de leurs poches, et de présenter leurs cartes d’identité ; ce que les trois personnes font. Abdel (1) n’a pas la nationalité française mais il possède un titre de séjour de 10 ans. Une première palpation de sécurité est effectuée. Le motif ? Aucun.

Le flic qui contrôle Abdel lui demande « il est de quelle origine votre ami ? ». Réponse « Vous n’avez qu’à lui demander directement ». Suite à cette réponse logique que le policier doit sans doute trouver impertinente, le flic demande à Abdel de mettre les mains contre le mur pour le fouiller à nouveau. Abdel objecte que s’ils veulent le fouiller, il faudra l’emmener au commissariat.

C’est à ce moment que le policier s’énerve et plaque brutalement Abdel contre le mur, puis le fait tomber à terre. Tout s’enchaîne très vite. Les policiers crient aux deux autres personnes de s’en aller, ce qu’elles font. Pendant ce temps Abdel est au sol, un policier est sur son dos. Il souffre justement de problèmes de dos et indique aux policiers que cela lui fait mal. Les policiers semblent ne pas entendre et lui serrent les menottes très fort, avec les pieds appuyés sur ses poignets. Il proteste, tout en continuant de vouvoyer les policiers. C’est là qu’un des policiers lui plante une sorte de crochet à trois piques dans le pouce gauche. La douleur est, sur le coup, très vive et la chair est apparente.

La plaie se met à saigner. Abdel est embarqué dans la voiture où les policiers le frappent à coups de poings et l’insultent « connard, voleur ». Ils se moquent d’une faute de français qu’a fait Abdel en se plaignant d’avoir mal « Si tu veux vivre en France, il va falloir t’intégrer et apprendre la langue ». Abdel perd plus ou moins connaissance dans la voiture ; à l’arrivée au commissariat, les policiers le traînent à terre par les menottes, ce qui lui fait très mal aux poignets. Ils appuient avec leurs pouces derrière ses oreilles et sa mâchoire pour l’obliger à se lever. Puis on le colle la tête contre un mur, on l’insulte. Abdel proteste devant ces agissements, qu’il qualifie de racistes. Il se débat pour éviter les coups. Plusieurs policiers s’acharnent alors sur lui, à coups de poings, de pieds et de matraques. Il saigne abondamment de la tête. Un des policiers l’étrangle avec le coude autour du cou, il a beaucoup de mal à respirer. À ce moment là, un des policiers prend peur et invite les autres à l’emmener aux urgences. Abdel se relève, il veut se regarder dans la glace pour voir l’état de ses blessures. Nouveau coup de poing. Quelqu’un nettoie son sang à terre avec un balai-serpillère. « On aurait dit que n’était pas grave de voir tout mon sang répandu par terre, comme si mon sang comptait moins que le leur ».

Un drap est placé dans la voiture de police « pour ne pas salir les sièges ». Abdel perd connaissance. Enfin arrivé aux urgences, et toujours menotté, il perd beaucoup de sang. Il est assis sur un brancard et ne peut s’allonger, avec les bras menottés dans le dos. Le médecin demande si on peut lui enlever les menottes pour le soigner, « non il est très dangereux » répliquent les policiers. Finalement, ils acceptent (tout en ayant proposé de lui entraver tout de même les pieds). Des points de suture sont posés. Abdel demande un verre d’eau, refus des policiers. Une soignante finit par lui en apporter un. Le médecin s’inquiète de l’état de sa main, qui a bleui à cause des menottes très serrées. Il est 3 ou 4 heures du matin. Abdel va passer la nuit à l’hôpital. Les policiers lui rendent alors sa veste, sa carte bleue et son portable et partent tout simplement. Ils ne lui auront jamais signifié la raison du contrôle, de son arrestation, ni bien sûr des coups.

Le lendemain, Abdel a très mal à la tête. Il obtient du médecin un certificat de 2 jours d’ITT. Sa main gauche lui fait toujours mal, il a des fourmillements quand on lui touche le poignet. Deux jours après un autre médecin constate les lésions suivantes : plaie du cuir chevelu suturée, plaie au niveau du pouce de la main gauche, douleur au niveau de la face externe du 5e métatarsien de la main gauche nécessitant un bilan radiologique complémentaire, douleurs dorsales, traumatisme psychologique.

(1) Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat.

9 février 2009

Vous avez dit politique?

Le point d’accord de notre mouvement naissant semble être le refus de la LRU, et des réformes qui en découlent. La mobilisation de l’an dernier n’a pas abouti et a elle aussi voulu s’arrêter à une critique de cette seule loi. Cependant, en se cachant derrière des logiques économiques, le gouvernement entend « réformer » l’université et la société dans son ensemble. Or, derrière ce terme de réforme se cache une remodélisation profonde et orientée. Cette remodélisation s’inscrit dans une idéologie libérale économique. Smith, Ricardo et consœurs, dont se revendiquent nos hommes « politiques » ne sont pas des scientifiques mais des idéologues. Il n’existe aucune vérité et réalité dans ces logiques économiques sinon celles qu’illes nous imposent. De fait s’opposer à la LRU (c'est-à-dire à une emprise des capitaux privés dans le fonctionnement des universités, ériger la rentabilité et le profit comme finalité du savoir, transformer la formation universitaire en formation professionnelle, préférer la recherche appliquée à la recherche fondamentale, limiter l’étudiant(e) à un(e) futur(e) travailleur(e)) c’est s’opposer à l’idéologie dominante. La volonté de ne s’opposer qu’à une loi, de renoncer à une critique plus large en se voulant apolitique, comme il en est souvent question en AG semble donc infondé voire absurde.

« Apolitique » dans le sens commun signifie un refus de La politique, c'est-à-dire affirmer l’absence de positionnement sur les questions liées au « politikè » (aux affaires de la Cité), sur les débats posés par les différentes organisations, du syndicat au gouvernement, en passant par le parti politique. En d’autres termes, c’est laisser faire ceulles[1] dont la politique est le métier, la raison de vivre, c’est les laisser discuter et décider des tenants et des aboutissants du fonctionnement du groupe. Ce système, que l’on peut désigner comme la politique classique, est souvent présentée comme La politique légitimée. Or la légitimité est forcement conférée par une idéologie. L’apolitique et la politique sont donc intimement liés : se dire apolitique, c’est confirmer le modèle social en place, dans lequel l’individu politisé ne tient qu’une place infime et où les questions politiques sont débattues en cercle fermé selon des jeux de pouvoir et de communication inhérents à la politique; se vouloir apolitique, c’est supposer n’être influencé par aucune idéologie, ce qui est d’une part absurde dans un contexte de mobilisation (du fait de ta participation à l’AG, tu es politique), et d’autre part mensonger puisque, que tu sois pour ou contre la loi, de fait tu te positionnes par rapport à elle, et donc par rapport aux idéaux dominants. Tout compte fait, tout acte est politique.

Le politique est plus vaste et est à portée de chacun. Nous le répétons, tout acte est politique de fait : par exemple, la consommation peut paraître détachée de ces questions, mais elle est construite, organisée selon des modes et des logiques pensées, voulues. La sémantique, si anodine qu’elle puisse paraitre, induit et sert une idéologie. L’usage des mots est porteur de sens, car ils sont constamment appropriés et redéfinis selon des termes idéologiques et politiques. Ce qui est définit par « mouvements sociaux » n’est pas dépourvus de signification. Il suppose, de manière courante, la formation éphémère d’une dynamique contestataire de l’ordre actuel (contraire à l’inertie ambiante), liée au mécontentement d’un groupe. Il remplace souvent, de nos jours, les termes de « grève » ou de « manifestation » (qui ne sont pourtant que des modes d’actions). Il est rattaché à l’existence des « partenaires sociaux », termes renvoyant aux syndicats et à la négociation. Tous ces mots sont à redéfinir, car catégorisant, amalgamant, et non neutre. D’un certain point de vue, l’action est régie par ces mêmes règles. Revenons sur quelques points significatifs dans notre mouvement :

- Les formes d’organisations telles que l’AG, le comité de grève, les groupes de réflexions…, impliquent des hiérarchies, du « légitime », une certaine forme de dialogue, qui de fait sont politiques.

-    Les formes d’actions sont rendues possibles (ou non) et légitimes (ou non) par ces organisations. Au-delà de ce lien avec l’organisation, les actions définissent un certain rapport au politique : se vouloir dans « le conforme », dans le « politiquement correct » pour ne pas se couper de l’opinion publique, c’est se soumettre aux règles de la politique (jouer le jeu de l’audimat, de la communication et du crédible). C’est aussi se fermer à une confrontation directe et profonde.

Il faut débattre et se réapproprier le politique, c'est-à-dire, penser les actions et les luttes comme étant insérées et ayant des conséquences politiques. Il en va de même pour les auteurs et penseurs qui font le jeu de la politique dans les discours militants. Se référer à Marx ce n’est pas être marxiste, ce n’est pas s’inscrire dans un parti ou une idéologie totale mais prendre acte de la portée politique de ces écrits et s’en servir dans la lutte. Les références doivent servir le politique et non la politique.

Les syndicats, ou les personnes se disant et se croyant apolitiques sont en réalité insérées dans la et donc le politique. Le nier c’est transformer une idée ou un fait politique en quelque chose d’anodin, de normal. L’idée politique conjoncturelle tend alors à se transformer en une norme implicite. Par exemple quand on cherche à se déclarer apolitique en AG, on inscrit le mouvement dans quelque chose de « normal », de cyclique, et qui est donc condamné à s’éteindre qu’il réussisse ou non. 

Avant de terminer rappelons la vocation éminemment politique de l’université : penser le monde. Couper les revendications de leur aspect politique et de leur insertion dans une réalité plus large que celle de l’université, c’est fermer l’université sur la seule défense de ses propres intérêts. C’est refuser que l’université soit un lieu de critique, de remise en question d’un tout auquel elle appartient.

C’est abdiquer et déjà accepter une certaine vision de l’université que l’on veut nous imposer : une université lisse et bien pensante, ouverte sur le monde mais seulement pour ses intérêts propres (qui risquent de devenir les intérêts mercantiles d’une entreprise).

[1] Contraction de ceux/celles.


9 février 2009

Quelle visibilité médiatique?

Si une réflexion sur les médias est nécessaire dans le cadre de notre mouvement elle ne doit pas occuper tout le débat et toutes les réflexions. Ce serait tomber dans le jeu des médias et renforcer leur place.

Aujourd’hui les médias semblent être de notre coté ou tout du moins ne nous dénigrent pas. Il est cependant important de définir notre position face aux médias dès le début de notre mouvement afin de ne pas se retrouver désarmé le jour ou ils se retourneront. L’article qui suit vise à proposer des réflexions sur notre positionnement face aux médias.

Tract sur les médias

La visibilité médiatique est régulièrement présentée comme un point clef des mouvements sociaux. Ceci étant chez les opposants inconditionnels aux médias comme chez les disciples d'une communication érigée comme but de tout mouvement, la question des médias est rarement posée, jamais débattue. Nous proposons des pistes de réflexions sur les médias et invitons à un réel débat sur ce sujet.

            Questionnement et réappropriation des logiques médiatiques.

Sous couvert d'une objectivité, basée sur une position « apolitique », les médias prétendent diffuser la vérité. Or au-delà d'être de simples relais de la réalité sociale ils participent activement à sa création, et à son « entretien ». Il serait tentant de désigner des coupables parmi les médias (le grand loup TF1) ou parmi les journalistes (l'ami Demorand), mais ce serait transformer des problèmes structuraux en problèmes individuels, s'arrêter sur la forme au lieu de questionner le fond.

          De la communication à l'information.

Si certains érigent la communication comme but ultime de notre mouvement et laissent la porte grande ouverte aux médias, rappelons leur que toute bonne entreprise marketing commence par le contrôle de ce qui est diffusé.

Or:

- La communication n'est qu'une partie de notre mouvement social.

- Les actions doivent se faire pour elles-mêmes, pour le mouvement et non pour l'image que l'on souhaite en donner.

- LES MEDIAS DOIVENT ETRE A NOTRE SERVICE, NOUS NE DEVONS PAS ETRE AU SERVICE DES MEDIAS!

Jouer le jeu de la communication c'est jouer le jeu de la marchandisation du mouvement. Notre but est d'informer sur ce que l'on est, ce que l'on fait et non de vendre notre action.

            La question de la représentativité individuelle et du mouvement.

Il est de coutume dans les médias de faire passer un individu lambda pour un représentant de notre mouvement. Aussi, raffolent-ils des personnes syndiquées se prétendant porte-parole d'une lutte qui ne leur est pas exclusive et défendant leurs intérêts syndicaux.

La question n'est pas de savoir si chacun individuellement veut être filmé ou s’il faut établir un angle mort. A travers les médias se pose la question de l'ensemble de la représentation du mouvement et pas seulement celle des individus.

            Un débat...

Un véritable débat sur la place des médias et le rôle qu'on leur donne dans notre mouvement est donc nécessaire. Imposons nos conditions à la médiatisation ou boycottons ! 

Le fait qu'il n'y ait pas de débat amène à un consentement implicite favorable aux médias. Dans ce cas, il serait tout autant légitime de les saboter. Cette action appartient donc à chacun d'entre nous.

Conseils de blocage médiatique:

1 Dès la mise en route d'une caméra ou d'un appareil photo, il faut créer du mouvement devant les objectifs pour être le plus possible à se faire filmer. Ensuite, il suffit d'appeler le média et d'interdire toute diffusion en raison du droit à l'image.

2 Empêcher (ou perturber) les interviews.

Contrairement aux médias nous reconnaissons que ce tract est non objectif et résolument politique. Se prétendre apolitique c'est renier le politique présent dans tout discours, le transformer en une réalité, tomber dans une dictature de la neutralité qui ne fait que servir l'opinion dominante et stériliser le débat.

REAPROPRIONS NOUS LES MEDIAS.

9 février 2009

Reflexion sur les Assemblées Générales

 

Après les diverses Assemblées Générales qui se sont déroulées depuis le 2 février, date de la rentrée, nous sommes forcés de constater que même si elles rassemblent un grand nombre d’étudiant(e)s, leurs attentes ne sont pas satisfaites, le débat n’avance pas et le mouvement piétine.

 


Dysfonctionnement des Assemblées Générales

 

Une Assemblée Générale est un lieu d’information, de sensibilisation et de mobilisation qui permet de créer une dynamique de groupe. Elle est la manifestation la plus visible de la mobilisation, rassemblant ainsi un nombre important d’individus, et cristallisant toutes leurs attentes et espoirs. Pourtant, certain(e)s ne sortent pas satisfaits de ces AG, et ne se sentent pas plus impliqués dans la mobilisation.

 

En effet, la première critique faite par certain(e)s à l’issue des AG serait le manque d’informations précises et concrètes quant aux revendications et aux lois contre lesquelles nous nous battons. Etant donné le nombre conséquent d’étudiant(e)s et la durée déjà importante d’une AG, il est impossible d’aborder avec précisions ces thèmes. C’est pour cela, qu’il est nécessaire de se renseigner en amont (journaux, internet, discussions). L’AG est davantage faite pour établir un état des lieux de la situation.

 

Certain(e)s critiquent également le fait que le débat se fasse plus sur la forme que sur les problèmes de fond. Le débat a tendance à se focaliser sur les divergences entre syndicats et leurs méthodes d’action, ce qui engendre une opposition entre syndiqué(e)s et non syndiqué(e)s, ces derniers n’étant pas intéressés par ces luttes intestines. D’autre part, l’AG ne peut pas être « apolitique » puisque le contexte dans lequel nous sommes, oblige à un dialogue engagé politiquement 1.

 

Ce n’est pas parce que les discours sont politisés qu’il faut se cacher derrière l’argument de la démocratie afin de légitimer le débat et les décisions. L’omniprésence du vote et la démarche plébiscitaire de la tribune étouffent le débat et le rendent démagogique.

 

Le vote est nécessaire au niveau de la massification du mouvement mais ne doit pas empêcher les diverses actions dans et hors l’université. Il faut sortir de la logique de légitimité consacrée par le vote au risque de tomber dans une logique populiste, d’audimat visant à convaincre l’opinion publique et nous coupant de fait, de réels moyens de confrontation.

 

Cet état des lieux des problèmes que soulève le fonctionnement de l’AG, nous amène à proposer des alternatives et compléments pouvant la rendre plus efficace.

 

Alternatives pour plus d’efficacité

 

La tribune est un élément primordial de l’AG. Elle doit permettre le bon déroulement des échanges et le respect de chaque intervention. Elle n’est pas censée participer au débat, elle doit se contenter d’agir en tant que médiateur au sein de l’assemblée. Il serait intéressant que les notes prisent pendant l’AG soient rassemblées, à son initiative, dans un compte rendu accessible à tous.

 

Les syndicats ont un rôle à jouer dans les mobilisations de masse, puisqu’ils regroupent de nombreux étudiants. Pour autant, est-il nécessaire que plusieurs interventions soient faites pour exprimer la position d’un seul syndicat ? Ne pourrait-il pas y avoir une seule intervention au nom du syndicat, ce qui n’empêcherait pas les autres syndiqué(e)s d’exprimer leur point de vue à titre personnel ?

 

Cela permettrait à de nombreuses personnes non syndiquées de prendre la parole. Toutefois, certain(e)s n’osent pas s’exprimer oralement lors des AG, par manque de confiance ou d’aisance à l’oral. Leurs idées et opinions sont pourtant légitimes et nécessaires pour faire avancer le débat. Pour cela, ont été mises en place des assemblées par facultés, regroupant moins de personnes et facilitant les échanges.

 

Il est évident que prendre la parole, même dans ce type d’AG, n’est pas forcément aisé. Pourtant, l’implication dans ce mouvement est nécessaire, chacun ayant son rôle à jouer. Tous, à notre échelle, pouvons trouver des moyens d’expression ou d’actions pour faire avancer le débat et donner de la force à cette mobilisation : créons des supports de réflexion (écrits, photographiques,…), des groupes de discussion, participons à la vie de l’université en ces temps de grève, allons manifester, proposons des solutions quant à nos revendications. Toutes ces initiatives dépassant les AG et visant la réappropriation des moyens de lutte et de réflexion, sont des lieux de rencontre et d’échange qui survivront au mouvement. Ce ne sont pas de simples moyens de mobilisation mais un changement de rapport à la vie universitaire.

 

Ces différents moyens d’action ne sont pas dissociables de l’Assemblée Générale pour aboutir à une mobilisation massive. A l’heure actuelle, les AG et groupes de discussion portent plus sur la manière de mobiliser les individus que sur les solutions pour améliorer le système universitaire. Cette manière de fonctionner est primordiale pour parvenir à une mobilisation de masse qui est la condition nécessaire à la réussite de ce mouvement.

 

Nous luttons pour obtenir l’abrogation de la LRU et des réformes universitaires visant à autonomiser les universités. Cependant, le malaise est plus profond. Ces reformes s’inscrivent dans une politique globale du gouvernement actuel, c’est pourquoi nous devons rester solidaires des autres secteurs victimes de cette politique, perpétuer et étendre le mouvement au-delà de l’abrogation des réformes concernant l’université.

 

1Cf. Vous avez dit politique ? Disséquons 2009 n°0.

 

 


 

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